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Jardin infini. De Giverny à l'Amazonie
Actualités

27 Mars 2017

Frantisek Kupka, Printemps cosmique I, 1913-1914, Huile sur toile, 115 x 125cm, Prague, Narodni Galerie Praze, Copyright Adagp, Paris, 2016 / akg-images / Universal Images Group / Sovfoto / UIG
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On avait cru le jardin enterré par la modernité et par le triomphe d’espaces verts limitant le végétal à des zones fonctionnelles. Pourtant, il est demeuré une source d’inspiration fertile tout au long du XXe siècle et continue d’exercer pour certains artistes une attraction profonde. Le jardin fascine, non pas tant pour ses vertus nourricières, curatives et ornementales que pour la subversion qu’il génère. Au-delà de l’espace clos et ordonné, le jardin de cette exposition est celui des passions privées : trouble, licencieux et indiscipliné. Lieu de résistance et de dissidence, du raffinement le plus exquis comme de l’exubérance sauvage, il devient un laboratoire biologique, éthique et politique. Les courants à rebours de la raison – Maniérisme, Décadentisme ou Surréalisme – en font un lieu ouvert au disparate, à l’irrégulier. Essentiellement contemporaines, les œuvres rassemblées dans cette exposition décrivent un jardin expérimental, obscur, chaotique et imprévisible.

L’exposition envisage cette nature sous l’angle d’un printemps métaphorique. Germination, floraison et dégénérescence suggèrent les cycles auxquels le monde est soumis : l’étape hivernale est la promesse de révolutions à venir. Certains artistes vénèrent cet élan vital. Vers 1912, fasciné par la fécondation des fleurs, Frantisek Kupka célèbre dans son essai sur la Création dans les arts plastiques une « fête du pollen dans un gynécée baigné de soleil » et traduit ces noces dans la pulsion organique de Printemps cosmique (1913-1914). Fertile vivier de formes, le jardin inspire aux artistes des morphologies et des métamorphoses fantastiques, révélant l’intelligence d’un monde non-humain. Les explorations du globe mènent aux confins de la nature connue, dans des territoires vierges qui fournissent de nouvelles réservent de formes et de motifs. Ainsi, fantasmant la nature exotique, Dominique Gonzales-Foerster crée un diorama tropical, jardin-bibliothèque proliférant, dans la lignée d’une série d’installations inspirée des dispositifs scénographiques illusionnistes du XIXe siècle. Le Brésilien Ernesto Neto investit quant à lui le Forum avec une sculpture monumentale, Leviathan-main-toth (2005), dont les membranes forment un paysage biologique à l’échelle du bâtiment.

Le jardin est aussi le lieu de la bifurcation qui infléchit les déterminismes au profit de l’évolution. Alors qu’il immortalise dans son herbier de verre une flore vénérée, Emile Gallé se passionne pour les anomalies – merveilles ou monstruosités ?- des orchidées. Au même moment, Claude Monet crée des hybrides et s’approvisionne en plantes venues des quatre coins du monde, recevant les foudres des fermiers locaux qui redoutent l’empoisonnement de ces fleurs étrangères. Un siècle plus tard, Pierre Huyghe réalise des « concentrés de Giverny » dans des aquariums aux climats programmés. Si l’acclimatation éveille la curiosité des naturalistes, elle sert aussi les intérêts d’une « botanique du pouvoir » oeuvrant à la colonisation puis à l’éradication de « pestes végétales ». Yto Barrada, Thu Van Tran ou Simon Starling étudient les cohabitations problématiques des plantes dites « natives » et « néophytes ». Au-delà de l’exotisme, les alternatives tropicales et biomorphiques de Roberto Burle-Marx ou de Lina Bo Bardi en Amérique latine et au Brésil revitalisent le fonctionnalisme de la modernité européenne.

A l’heure des phénomènes intensifs de brassage, de métissage et de migration qui reconfigurent sans cesse la biodiversité, la clôture originelle du jardin – qu’elle soit matérielle ou conceptuelle – nécessite d’être réévaluée. L’exposition fait sortir le jardin hors de lui-même, dépassant la dialectique sur laquelle Michel Foucault avait articulé, lors de sa conférence de 1967 « Des espaces autres », sa définition hétérotopique du jardin comme « la plus petite parcelle du monde » et comme « la totalité du monde ». A l’occasion du colloque Repenser les limites : l’architecture à travers l’espace, le temps et les disciplines organisé à l’INHA en 2005, les historiens du jardin Monique Mosser et Hervé Brunon avaient postulé qu’à présent « il faut aborder l’enclos comme système à la fois ouvert, matériel et vivant ». Dès lors, l’abolition de la frontière ouvre sur la quête incessante que suggérait déjà au XVIe siècle le Songe de Poliphile, où le jardin, lieu de la recherche et de l’initiation par excellence, ouvre à l’infini sur d’autres jardins.

Informations pratiques

Lieu : Centre Pompidou Metz
1 Paris des Droits-de-l'Homme, 57020 Metz (France)
Dates : Jusqu'au 28 août 2017
Horaires : Accessible tous les jours sauf le mardi de 10 à 18h00, le vendredi, samedi et dimanche de 10 à 19h00
Lien : www.centrepompidou-metz.fr

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