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Mais qui se cachait derrière l’armoire de Marcel Broodthaers ?
Actualités

4 Avril 2016

Broodthaers - Raine - 1966-1968 (1)
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À Venise en novembre dernier pour découvrir la Biennale, dans l’exposition « Slip of the Tongue » (12/04/2015-10/01/2016) qui se tenait à La Dogana, Dan Voh, à la fois artiste et curateur avait emprunté pour illustrer son propos une œuvre de Marcel Broodthaers dans les collections de François Pinault. II s’agit d’un banal buffet de cuisine dont les portes entrebâillées laissent apercevoir divers ustensiles du quotidien tandis que son toit est surchargé d’un panier métallique peint empli de coquilles d’œufs. Parfait « ready made » parodiant un ersatz de cabinet de curiosités mais offrant de surcroît sur ses panneaux arrières deux peintures et deux encres hâtivement brossées. Voilà donc pourquoi le curateur avait choisi de ne pas coller l’armoire contre un mur, pensant vraisemblablement qu’il s’agissait d’un ajout de l’artiste. Mais jugez de mon étonnement en reconnaissant immédiatement la patte du peintre Jean Raine (Bruxelles, 1927 – Rochetaillée-sur-Saône, 1986) ! C’est un artiste dont je connais bien l’œuvre, ayant fréquenté sa veuve – Sanky Rolin et l’atelier à Rochetaillée-sur-Saône à partir de 1989, ayant depuis lors régulièrement exposé son œuvre, individuellement ou en groupe. Nonobstant, le cartel justificatif ne parlait que d’une œuvre de Marcel Broodthaers datée entre 1966 et 1968. Sachant l’amitié qui avait lié les deux hommes à Bruxelles de 1962 et 1966 (de nombreuses photographies prises à leurs domiciles respectifs en font foi). C’est Broodthaers qui obtint pour Raine sa première exposition personnelle à la Galerie Saint-Laurent en 1962. En 1963, Raine dessine « les Crevettes », des encres pour illustrer « Pense-bête », le 4ème livre de Broodthaers. En septembre 1965, pour sa seconde exposition chez Saint-Laurent, le portrait en 4ème de couverture est signé Broodthaers. Il existe également une correspondance entre les deux hommes qui s’étale des années 60’ jusque dans les années 70’. Pour moi, l’affaire était entendue : il fallait imaginer Jean Raine découvrant au hasard d’une visite dans l’atelier de son ami, cette armoire sans doute installée au centre de la pièce et lui demandant ex-abrupto de peindre les panneaux arrière. La facture est typique de Raine, d’une nervosité éthylique mais sans repentir, en deux coups de pinceaux, il croque ses homoncules favoris, « il dessinait des personnages de lui seul connus, ombres et mouvements » écrira à son propos, Pierre Alechinsky, en couleurs dans le registre supérieur et en noir dans le registre inférieur. Les deux hommes n’accordèrent à la chose que le plaisir d’un après-midi partagé et sans doute bien arrosé et l’affaire en resta là. Revenu à Bruxelles, j’envoyai les images à Pierre-François, le fils de l’artiste, qui me répondit immédiatement par l’affirmative : on était bien devant une œuvre inédite « augmentée » par une seconde main comme en raffolait la génération Cobra.

Ben Durant
Historien de l’Art

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