La National Gallery présente la première exposition consacrée à la collaboration artistique entre Michel-Ange (1475-1564) et Sebastiano del Piombo (1485-1547).

L’exposition explore les talents complémentaires, malgré des personnalités divergentes, des deux artistes. Elle compte environ soixante-dix œuvres – peintures, dessins, sculptures et lettres – produites par Michel-Ange et Sebastiano avant, durant et après cette collaboration.
Les exemples de leur intime et abondante correspondance nous donnent un aperçu unique de leur vie personnelle et professionnelle, de leurs inquiétudes, de leurs frustrations et de leurs moments de gloire.

En 1511, Sebastiano, jeune artiste vénitien au talent exceptionnel, arrive à Rome. Très vite, il se laisse happer par la scène artistique ultra compétitive de la ville. Il rencontre Michel-Ange, qui travaille alors le plafond de la chapelle Sixtine, et les deux hommes deviennent amis et alliés contre le prodigieux Raphaël, lui aussi fraîchement arrivé et qui devient petit à petit la coqueluche des mécènes les plus influents de Rome.
Sebastiano, seul peintre à l’huile de la ville capable de rivaliser avec Raphaël, s’avère le collaborateur idéal de Michel-Ange, qui ne s’intéresse pas à ce support, mais veut à tout prix faire taire son plus jeune concurrent.
De son côté, Sebastiano profite pleinement des dessins et des idées conceptuelles de Michel-Ange. Ils créent donc ensemble plusieurs œuvres d’une grande originalité et d’une beauté hors du commun. Leur amitié va durer plus de vingt ans, bien après le long séjour de Michel-Ange dans sa ville natale de Florence (1516) et la mort de Raphaël (1520), mais se termine âprement suite au retour permanent de Michel-Ange à Rome pour peindre le Jugement dernier de la chapelle Sixtine, en raison dit-on d’une dispute sur une technique de peinture. Leur collaboration se déroula à une période de l’histoire italienne incroyablement mouvementée –de révolution, de guerre et de schisme théologique, mais aussi de grande énergie intellectuelle et d’innovation artistique.

L’un des prêts centraux de l’exposition est la Pietà, également connue sous le nom de Pieta de Viterbe (autour de 1512-1516) du nom de la ville où se trouve le tableau. Ce tableau est le fruit de la première collaboration entre les deux artistes et représente leur vision combinée. L’œuvre, qui a rarement été vue en dehors de l’Italie, est aussi le premier grand paysage nocturne de l’histoire, et présente une iconographie originale (le Christ n’est pas sur les genoux de sa mère). En son temps, la Pietà de Viterbe fut très bien accueillie, et grâce à elle, Sebastiano obtint ses deux commandes importantes suivantes, qui furent réalisées avec la collaboration de Michel-Ange : la décoration de la chapelle Borgherini de San Pietro in Montorio de Rome (1516-1524) et la Résurrection de Lazare (1517-1519). Ce tableau a été peint pour concurrencer l’immense Transfiguration de Raphaël destinée à la cathédrale de Narbonne en France et retirée de celle-ci au XVIII^e siècle (elle se trouve maintenant au musée du Vatican). La Résurrection de Lazare finit par appartenir à un groupe de tableaux qui allaient commencer de constituer la collection de la National Gallery en 1824, et qui reçut le premier numéro d’inventaire NG1. De récentes recherches menées à la National Gallery ont fourni de nouvelles perspectives sur le travail respectif des deux artistes sur la Résurrection de Lazare. La réflectographie infrarouge a révélé que la contribution de Sebastiano était beaucoup plus importante et indépendante de l’influence de Michel-Ange que l’on croyait précédemment. On comprend désormais que Michel-Ange n’est intervenu qu’à un stade relativement avancé de la progression de la toile, en révisant au trait la silhouette de Lazare ressuscité, que Sébastiano avait déjà peint.

Parmi les autres trésors de cette exposition se trouve Le Christ rédempteur de Michel-Ange, une statue plus grande que nature sculptée en 1514-1515, et généreusement prêtée par l'église San Vincenzo Martire de Bassano Romano en Italie. Le Christ rédempteur est exposé avec un moulage en plâtre datant du XIX^e siècle de la seconde version de Michel-Ange sur le même thème (1519-1521), qui réside à l’église San Maria sopra Minerva de Rome – et ne la quitte jamais. Cette juxtaposition qui n’a jamais été tentée auparavant donne pour la première fois au public l’occasion de voir ces statues côte à côte.

La Visitation de Sebastiano qui se trouve au Louvre à Paris et sa Déploration du Christ du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg quittent également pour la première fois leur collection pour venir à Trafalgar Square. Ce dernier tableau est réuni avec le Christ aux limbes de Sebastiano (1516), prêté par le musée du Prado de Madrid, et accompagné d’une copie réalisée par Francisco Ribalta au XVII^e siècle de L’Apparition du Christ ressuscité aux apôtres, de Sebastiano, l’original ayant été perdu. Ces trois tableaux sont pour la première fois depuis leur séparation en 1646, présentés sous leur format triptyque d'origine.

Pour donner au visiteur l’illusion qu’il découvre ces œuvres in situ, une technologie de pointe est mise en œuvre pour présenter une reproduction en trois dimensions de la chapelle Borgherini de San Pietro in Montorio de Rome. Grâce aux techniques de reconstruction et d’images numériques, la National Gallery transporte la chapelle à Londres pour donner au public une sensation d’immersion dans la structure telle qu’elle avait été créée.

Lieu : The National Gallery
Trafalgar Square, London WC2N 5DN (Grande Bretagne)
Dates : Jusqu'au 25 juin 2017
Horaires : Accessible tous les jours de 10 à 18h00, le vendredi de 10 à 21h00
Lien : www.nationalgallery.org.uk