00:00:00 / 00:00:00


FRANCAIS - ENGLISH
Peinture - Epoque contemporaine - Belgique - Histoire de l'art Alice Horlait Le mythe de Prométhée selon Jean Delville Quelques remarques pour une analyse iconologique
Amateur
Expert
Reporticle : 135 Version : 1 Rédaction : 01/06/2015 Publication : 15/06/2015
Notes
Notes

Notes

NuméroNote
1Jean Clair rapporte le propos de Freud concernant les trois humiliations de l’homme moderne : cosmologique, biologique et psychanalytique ; l’homme n’est plus le centre de l’univers, il n’est plus le fruit d’un télos divin mais celui contingent de l’évolution des espèces et il n’est plus maître de lui-même. Paradis perdus. L'Europe symboliste, Montréal, Musée des beaux-arts, 8 juin au 15 octobre 1995, p. 21.
2CLAIR J., Le nu et la norme. Klimt et Picasso en 1907, Paris, Gallimard, 1988, pp. 21-22. Sans nécessairement partager sa conception de l’année 1907, comme symptôme du passage du siècle d’or au siècle de fer de l’art, elle nous intéresse dans la mesure où cette année fait figure d’événement.
3SECHAN L., Le Mythe de Prométhée, Paris, PUF, 1951, p. 27 et VERNANT J.-P., Mythe et pensée chez les Grecs. Etudes de psychologie historique, Paris, Editions La Découverte, 1988 (1965), p. 264.
4VERNANT J.-P., Mythe et pensée chez les Grecs, op. cit., pp. 263-267. En ce sens, comme le note Vernant, Prométhée, le Prévoyant, et son frère jumeau Epiméthée, l’Irréfléchi, apparaissent comme les deux faces d’un seul personnage.
5Expérimentant les correspondances entre son, couleur, émotion et sensation à travers sa collaboration avec Scriabine, qui engage ce dernier sur la voie de son Prométhée ou Le Poème du feu, l’une des partitions les plus originales du XXème siècle. KELKEL M., Alexandre Scriabine. Un musicien à la recherche de l’absolu, Paris, Fayard, 1999, p. 167.
6De promèthès, prévoyant, promètheia, prévoyance, par opposition à son frère Epiméthée (epimètheia, la pensée qui vient après coup). A ce sujet, se référer au mythe de Prométhée rapporté par Platon dans le Protagoras.
7HESIODE, Théogonie, 559 et ESCHYLE, Prométhée enchaîné, 101-103, cité dans DETIENNE M. & J.-P. VERNANT, Les ruses de l’intelligence. La mètis des Grecs, Paris, Flammarion, 1974, p. 63.
8DETIENNE M. & J.-P. VERNANT, Les ruses de l’intelligence, op. cit., pp. 62-66.
9VERNANT J.-P., Mythe et pensée chez les Grecs, op. cit. p. 267.
10SECHAN L., Le Mythe de Prométhée, op. cit., pp. 28-29.
11ESCHYLE, Prométhée enchaîné, 110-111, in ESCHYLE, Tome I, trad. Paul MAZON, Paris, Les Belles Lettres, 1934, p. 165.
12SECHAN L., Le Mythe de Prométhée, op. cit., p. 29.
13TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome I, Genève, Librairie Droz, 1976, pp. 23-25. S’il est vrai que l’énumération des bienfaits de Prométhée indique, chez Eschyle, un élargissement de la conception hésiodique, on ne peut le réduire au passage du feu qui cuit au feu civilisateur. Chez Hésiode, il est sans doute encore le feu qui cuit mais également le principe de la condition humaine.
14ESCHYLE, Prométhée enchaîné, 34-35, in ESCHYLE, Tome I, trad. Paul MAZON, op. cit., p. 162.
15VERNANT J.-P., Mythe et pensée chez les Grecs, op. cit., p. 271.
16SECHAN L., Le Mythe de Prométhée, op. cit., pp. 51-58 et p. 44. C’est aussi ce qui permet d’expliquer, selon Séchan, l’importance du culte de Prométhée à Athènes. Comment comprendre, sans cela, que celui qui annonce la chute de Zeus ait pu rentrer dans l’harmonie olympienne et devenir une divinité honorée, associée aux patrons des arts du feu que sont Héphaïstos et Athéna ?
17RADIX E., L’homme-Prométhée vainqueur au XIXème siècle, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 11 et p. 16. C’est même, selon Radix l’un des rares récits mythiques à s’imposer à cette période du tout rationnel et scientifique qui évacue le surnaturel. C’est le “mythe de l’ère industrielle”.
18CORBEAU-PARSONS C., Prometheus in the Nineteenth Century. From Myth to Symbol, London, Legenda, 2013, pp. 138-139.
19RADIX E., Le Déclin du prométhéisme dans la littérature fin-de-siècle, Paris, L’Harmattan, 2006, pp. 9-16.
20TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, Genève, Librairie Droz, 1976, pp. 395-408.
21NIETZSCHE F., La naissance de la tragédie, Paris, Gallimard, « Idées », 1949, p. 70. Ce qui, pour Nietzsche, distingue la conception aryenne de celle du péché originel des Sémites c’est justement la dignité qu’elle confère au crime : « c’est cette idée sublime que le péché actif est la vertu prométhéenne par excellence ».
22Cité dans TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, op. cit., p. 402.
23NIETZSCHE F., La naissance de la tragédie, op. cit., pp. 68-72. Nietzsche est également conscient de l’idée eschyléenne de réconciliation sous le signe de la Moïra, la Justice éternelle, et conçoit la nature de Prométhée comme à la fois apollinienne et dionysiaque.
24SCHURE E., Précurseurs et Révoltés, Paris, Perrin & Cie, 1904, pp. II-III et pp. 127-182.
25TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, op. cit., p. 403.
26Ibid., p. 408.
27Ibid., pp. 409-430.
28SCHURE E., Précurseurs et Révoltés, op. cit., p. 105.
29Ibid., p. 106.
30Ibid., p. 122 et pp. 123-124. Plus loin, Schuré illustre bien l’esprit de cette voie médiane : « La science, l’art et le sentiment religieux sont donc inséparables dans l’harmonie supérieure des choses et de l’esprit humain. Supprimer l’une de ces forces ce serait rompre son équilibre et tronquer l’humanité, car ces trois puissances lui sont également nécessaires, et ce n’est que des trois rayons concentrés du vrai, du juste et du beau que jaillit le divin. »
31CORBEAU-PARSONS C., Prometheus in the Nineteenth Century, op. cit., p. 112.
32DRAGUET M, Le Symbolisme en Belgique, Bruxelles, Fonds Mercator, 2010, p. 299.
33CORBEAU-PARSONS C., Prometheus in the Nineteenth Century, op. cit., p. 118.
34Prométhée (1868) et Prométhée Foudroyé (c. 1869). Ibid., p. 118 et pp. 132-140.
35Ibid., pp. 132-134.
36Ibid., p. 135. Nous traduisons.
37Ibid., pp. 118-119 et pp. 138-139.
38DRAGUET M, Le Symbolisme en Belgique, op. cit., pp. 299-301.
39Ibid., p. 299.
40Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont.
41Comme l’a suggéré Flaurette Gautier, étant mentionné l’année de sa publication dans la revue dirigée par Delville La Lumière. GAUTIER F., L’écriture artiste de Jean Delville (1888-1900), mémoire de Master I, sous la direction de Pascal Rousseau, Université François Rabelais, Tours, 2011, p. 113.
42RADIX E., Le Déclin du prométhéisme dans la littérature fin-de-siècle, op. cit., p. 180.
43TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, op. cit., pp. 422-424.
44Sâr Péladan, La Prométhéïde. Trilogie d’Eschyle en quatre tableaux, Paris, Chamuel, 1895, p. 141.
45GILKIN I., Prométhée. Poème dramatique, Paris, Fischbacher, 1899, p. 204. Gilkin cite Goethe et Eschyle, auxquels on pourrait ajouter, à la suite de Trousson: Hésiode, Voltaire, Spinoza, Comte, Darwin, Hartmann ou encore Haeckel, sans oublier Hegel… TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, op. cit., p. 419.
46TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, op. cit., pp. 419-420.
47 GILKIN I., Prométhée, op. cit., scène VII, pp. 192-197.
48BLAVATSKY H.-P., La Doctrine secrète. Synthèse de la science, de la religion & de la philosophie, quatrième volume, Paris, La Famille théosophique, 1947, pp. 92-93 et pp. 97-100. A ce propos, Séchan note que cette étymologie était fantaisiste : le nom de Prométhée ne dérive pas de pramantha du sanscrit védique mais de la racine indo-européenne man, par élargissement man-dh, qui répond à l’idée de pensée, de réflexion ou de sagesse. Il arrive à la même conclusion que Blavatsky : il n’y a aucune raison d’abandonner le sens indiqué par les Grecs eux-mêmes, celui de prévoyant. SECHAN L., Le Mythe de Prométhée, op. cit., pp. 10-12.
49BLAVATSKY H.-P., La Doctrine secrète, op. cit., p. 97.
50Ibid., pp. 96-99.
51DRAGUET M, Le Symbolisme en Belgique, op. cit., p. 263.
52Notamment dans sa correspondance avec Eggermont. Le 3 mai 1922, il écrit « ma peinture n’est pas ‘littéraire’ mais essentiellement plastique » ; le 20 avril 1944, « Je conçois une œuvre comme un poème. Je ne sépare pas la peinture de la poésie. C’est ce que les imbéciles appellent de ‘la peinture littéraire !’ Or la ‘peinture littéraire’ est celle qui manque de plastique, de couleur et de dessin ». Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont.
53DELVILLE J., Curriculum vitae, 1944 et Œuvres du peintre Jean Delville, sd. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont. Dans ce dernier texte, Delville note à propos de son œuvre : « Conception nouvelle de la figure prométhéenne. Le feu, qui selon le mythe, est dérobé du Ciel n’est pas le feu physique, mais celui de l’Intelligence dans l’Homme, symbolisée par l’étoile à cinq pointes. Conception ésotérique et symbolique de l’évolution mentale humaine à laquelle j’ai donné un caractère nettement pictural et plastique ».
54ESCHYLE, Prométhée enchaîné, 442-506, in ESCHYLE, Tome I, trad. Paul MAZON, op. cit., pp. 176-178.>
55Exposition générale des Beaux-Arts. Salon triennal, Bruxelles, Hall du Cinquantenaire, 28 août-10 novembre 1907.
56Retranscription par Armand Eggermont de l’extrait d’un article du Petit Messager, 13 octobre 1907. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont.>
57Les Peintres de la Figure et de l’Idée. Salon rétrospectif, Bruxelles, Palais des Arts (ancien hôtel de Somzée), juin 1910.
58Retranscription par Armand Eggermont de l’extrait d’un article d’Ulric van Brugghe, sd. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont.
59Datée vers 1900 dans Le Symbolisme en Belgique, op. cit., p. 299 et 1892 dans Splendeurs de l’Idéal. Rops, Khnopff, Delville et leur temps, publié à l’occasion de l’exposition au Musée de l’Art wallon de la Ville de Liège, 17 octobre – 1er décembre 1997, p. 18.
60Datée vers 1902 dans le Symbolisme en Belgique, op. cit., p. 301 et c. 1904 dans LAOUREUX D. (dir.), Jean Delville. Maître de l’idéal, Paris, Somogy, 2014, publié à l’occasion de l’exposition au musée Félicien Rops, Namur, 25 janvier – 4 mai 2014, p. 9.
61Notons que Péladan achève sa trilogie sur cette phrase de Prométhée à Héraclès lui demandant de dévoiler le mystère de la loi de l’univers : « Tu le connais mieux que ton père, ta massue le proclame autant que mon gibet : Souffrir pour la justice ». Sâr Péladan, La Prométhéïde, op. cit., p. 142.
62Nous avons eu l'occasion de voir, dans une collection privée, les reproductions de deux croquis représentant le « chaînon-manquant », c’est-à-dire le moment de l’enchaînement et du supplice lui-même. Dans le premier dessin, Prométhée est représenté de profil, attaché à quelque chose qui pourrait ressembler à une colonne (présente dans le mythe d’Hésiode) et surplombé par le rapace, les ailes déployées, qui l’attaque. Dans le second, situé entre ciel et terre, ancré à son rocher et enveloppé de nuages, Prométhée est attaqué par l’aigle qui semble faire corps avec lui.
63Précisons toutefois que le rocher, à la différence de la caverne, est déjà un sommet, une élévation vers le ciel et la lumière. Ce sont les nuages qui prennent le relais symbolique de l’obscurité de la caverne, tout comme nous l’avons vu dans la dernière esquisse de 1904, ceux-ci se substituaient au dernier morceau de roche. À noter qu’il y aurait encore à dire sur la substitution entre nuage et rocher, notamment dans l’histoire de la peinture belge.
64SECHAN L., Le Mythe de Prométhée, op. cit., pp. 65-67 et pp. 76-77.
65CORBEAU-PARSONS C., Prometheus in the Nineteenth Century, op.cit., p. 125.
66À propos du symbole de l’étoile, qui apparait dans la première étude de 1904, diverses hypothèses permettraient d’avancer dans l’interprétation de l’œuvre : certains auteurs y ont vu le symbole théosophique de la Loge blanche de Bruxelles (DRAGUET M, Le Symbolisme en Belgique, op. cit., p. 301) ou une correspondance avec les Formes-pensées d’Annie Besant et C. W. Leadbeater (GAUTIER F., L’écriture artiste de Jean Delville, op. cit., p. 114) ; on pourrait ajouter l’Etoile flamboyante de la maçonnerie, symbole dynamique appartenant au grade de Compagnon (BOUCHER J., La Symbolique maçonnique, Paris, Editions Dervy, 2002, pp. 220-236) ; enfin, au vu du désir de reconnaissance qui tenaille Delville et des compliments que lui adresse Léopold II sur son Homme-Dieu, et au vu des travaux qu’il réalise à la même époque pour le pavillon du Congo figurant l’élan civilisateur de la colonisation, on peut se demander si Delville n’avait pas également à l’esprit l’étoile du drapeau de la Force publique.
67DELVILLE J., Curriculum vitae, 1944. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont.
68Delville le dit lui-même dans son Curriculum : « le sens de l’œuvre est la souffrance humaine ». DELVILLE J., Curriculum vitae, 1944. Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Archives de l’Art contemporain en Belgique, fonds Armand Eggermont.
69Notons que chez Gilkin et Péladan, qui reprennent explicitement l’œuvre d’Eschyle, le motif hésiodique de Pandore apparait. Chez Gilkin, Pandore est présentée comme la fille de Prométhée au même titre que les hommes. Dans le Prométhée porteur de feu de Péladan, la punition de Pandore joue toutefois un rôle heureux – réalisation de la volonté cachée de la Puissance suprême –, puisqu’elle devient le moyen de l’immortalité des hommes (par la perpétuation de l’espèce) mais aussi parce que ses filles séduiront Zeus qui aura un jour d’une mortelle un fils plus grand que lui. C’est sur cette prophétie, que le Titan est enchaîné au Caucase. TROUSSON R., Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne, tome II, op. cit., p. 423.
70Rappelons à cet égard l’idée delvillienne du Mystère de l’Evolution : le progrès se réalise par la « Loi du Sacrifice universel ». Là où le matérialisme conçoit l’évolution comme le triomphe du fort sur le faible, l’Occultisme comprend que la grande loi à l’origine de l’Univers est celle du sacrifice. DELVILLE J., Le Mystère de l’Evolution ou de la généalogie de l’homme d’après la théosophie, Bruxelles, Lamertin, 1905, pp. 22-24.