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Architecture - Moyen Age - Europe - Histoire de l'art Charlotte Donnay Le jubé Essai sur les usages et les fonctions d'un dispositif monumental
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Reporticle : 42 Version : 1 Rédaction : 28/12/2012 Publication : 14/01/2013

Introduction

Dans cet article (1), nous nous sommes attachée à comprendre les raisons de l’apparition du jubé au début du XIIe siècle dans les édifices chrétiens et à apprécier l’évolution dont il fit l’objet au cours des siècles. Consciente des différences formelles, stylistiques, iconographiques, chronologiques et matérielles inhérentes à chaque région, nous ne chercherons nullement à tracer ici une histoire exhaustive et linéaire des jubés, pas plus que nous n’entendrons réduire la diversité de leurs usages ou de leurs fonctions, mais il s’agira plutôt d’esquisser le développement de ce dispositif monumental et de rendre compte de la diversité – aujourd’hui largement mésestimée – de ses fonctions.

Histoire : de l’ambon au jubé

En latin, le jubé est appelé pulpitum, terme utilisé pendant le Moyen Âge et bien après dans différentes régions. Le terme français « jubé » vient de l’impératif du verbe latin jubere avec lequel débute la formule « Jube domne [sic] benedicere » adressée à l’évêque par le diacre avant de monter au jubé chanter l’Evangile (2). Dans les Pays-Bas méridionaux, l’appellation française n’est pas courante et le jubé est souvent appelé doxale, doxaal. Pour Jan Steppe, ce mot est issu du latin dorsale, dossale signifiant « chœur »  (3). Au XVIIIe siècle, le chanoine Waucquier (4)  de la cathédrale de Tournai donne une autre interprétation du terme qui s’apparente à celle de Steppe :

« Ce qu’en bon françois pris du latin l’on nomme jubé nous l’appelons à Tournay, et dans le païs-bas wallon Doxale : ainsi nous l’a même écrit Raissius : ambonem chori (quem vernacule Doxale vocamus) : j’ai cherché, d’où pouvoit venir ce mot : il me paroît qu’on ne peut, pour s’attacher à la lettre le faire plus naturellement descendre que de Doxa, mot grec qui signifie Gloire, renommée et chose semblable, de sorte qu’on aura fait Doxale pour signifier ce lieu élevé de nos églises et le plus en veüe, qui sert particulièrement à les faire briller aussi bien que les vois que l’on y fait monter pour s’y faire mieux entendre, y chantant les leçons, les Epitres, les Graduels et les Evangiles. S. Bernard [en marge : S. Bernard. de conversione ad clericos cap. 12] dans un de ses sermons, parlant contre la vanité employe ce terme : Doxa, doxa : vôtre gloire, dit-il, cette gloire que lui emprunte Boece liv. 3 De consul. pros. 6. Une autre pensée qui me vient est que c’est moins Doxale que Dorsale, qui convient mieux aussi, parce que on s’appuie en dedans le chœur contre ce que nous appelons en nôtre françois Doxale : peut-être donc devons dire Dorsale, comme venant de Dorsum latin, qui signifie le dos. […]. »  (5)

Il semblerait donc qu’en Hainaut et dans la région de Tournai, le terme le plus courant pour désigner le jubé soit doxale. Mais, d’après Steppe, on retrouve également les termes lincener, lichenier, lissené dérivés du néerlandais lessenaar signifiant lutrin, pupitre (6). À Tournai, des textes attestent de l’utilisation de ces derniers termes au XVIe siècle (7), notamment pour désigner le jubé de la cathédrale Notre-Dame :

« A Jehan de Laoultre espissier et chirier les chandeilles de chire qui ont esté mises et alumées autour des fiertres mises audevant du lichener de l’eglise Nostre-Dame les jour et festes de la Pentecouste darrain en maniere acoustumée, […]. »  (8)

En Artois, Jan Steppe a répertorié les appellations trin, trincq qui seraient des aphérèses du terme lectrin venant du mot latin lectorium, duquel provient également le terme allemand lettner. En Angleterre, le jubé est appelé pulpitum, choir screen ou roodloft (9). En Italie, on parle aujourd’hui de tramezzo, vocable que Marcia Hall traduit en anglais par partition, terme souvent traduit en français par celui de « cloison »  (10). Auparavant, ces tramezzi étaient appelés pergula ou pulpitum. Cependant, il existe des variantes locales, comme à Venise où le jubé de la basilique Saint-Marc est désigné comme un barco, tandis qu’à Florence, le jubé est appelé ponte, pontile (11). L’appellation fait alors référence à la structure même du jubé.

«The need to secure the division between the sacred and the profane is so profound that screens can be located in nearly every setting where the divine is manifested to man, from primitive shrines to highly organized cult centers. »  (12).

Dans la religion catholique (13), et ce, dans la continuité de la tradition juive, « l’espace sacré de la célébration entourant l’autel a toujours été bien circonscrit et réservé, sous des formes qui variaient assez sensiblement selon les régions »  (14). Cette notion de « limite » est inhérente à celle du sacré, comme l’a souligné Emile Durkheim, selon qui « le sacré est, en effet, par définition, ce qui doit être tenu à distance […] »  (15).

À l’époque paléochrétienne, l’espace du chœur était généralement occulté par un voile (16). Dès le début du IVe siècle, celui-ci va être remplacé dans un certain nombre de lieux par une balustrade appelée cancellum, le chancel (17). Une telle séparation est évoquée pour la première fois par Eusèbe, évêque de Césarée, dans son sermon prononcé lors de la consécration de la basilique de Tyr en 315 (18). Eusèbe parle d’une simple balustrade en bois ajourée. Celle-ci va évoluer en une barrière composée de plaques de marbre sculptées et de piliers d’une hauteur d’un mètre environ (19). Des traces archéologiques de ce type de dispositif sont conservées dans les églises épiscopales de Trêves ou d’Aquilée construites au IVe siècle (20). Ce type de dispositif marque les limites entre l’espace sacré et celui dévolu aux fidèles permettant aussi d’accentuer la mise en scène de ce sacré et des rituels.

Pergula, XIIe siècle. (Rosciolo, église Santa Maria in Valle Porclaneta)
Reproduction extraite de : WikipediaFermer
Pergula, XIIe siècle. (Rosciolo, église Santa Maria in Valle Porclaneta)

Rapidement, les piliers du cancellus vont gagner en hauteur et se voir surmontés d’une architrave. Cette structure, appelée pergula (21) , résulte probablement de la fusion de la clôture de chœur et du tref, une poutre de bois surmontée d’un calvaire ou d’un crucifix et disposée transversalement à l’entrée du chœur liturgique (22) . Dès le IXe siècle, le tref est renforcé par des piliers reposant sur la clôture de chœur basse (23), comme en attestent notamment les vestiges archéologiques de la cathédrale de Torcello (24). Le dispositif qui s’y trouve encore actuellement serait un agencement du XVe siècle remployant des éléments sculptés du milieu du XIe siècle  (25). Un autre exemple de pergula datant du XIIe siècle est conservé dans l’église monastique de Santa Maria in Valle Porclaneta en Italie  (26). Dans cette église, à proximité de la clôture de chœur, est disposé un ambon (27). Cette tribune en pierre pourvue d’un pupitre apparaît dans les églises chrétiennes dès les premiers siècles (28). L’église paroissiale de Brancoli en Toscane conserve par exemple un ambon et une clôture de chœur datant du XIIe siècle, mais ceux-ci ont été remaniés en partie au XXe siècle.

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    Au XIIe siècle, Prévostin de Crémone (v.1150-1210), théologien parisien, évoque la présence d’une paroi haute dressée entre les religieux et les fidèles (29). De cette façon, les moines et chanoines, séparés du monde pouvaient vivre l’opus divinum dans la solitude et le silence (30). En effet, l’ordre canonial va se définir sur le modèle monastique et privilégier en conséquence une plus grande séparation avec le monde (31). La multiplication des autels dans la nef, notamment les autels dédiés à la Sainte-Croix (32), renforça sans doute le besoin de la communauté religieuse de se réserver un espace isolé et protégé des distractions causées par la fréquentation de ces autels (33).

    GIOTTO (1267-1337), Le miracle de Noël à Greccio, 1297, fresque. (Assise, église Saint-François).
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    GIOTTO (1267-1337), Le miracle de Noël à Greccio.

    D’un point de vue architectural, cette multipolarité de l’espace liturgique eut pour conséquence, dans un certain nombre de cas, la réunion du mur ouest de la clôture de chœur et de l’ambon (34). Jan Steppe cite en exemple l’église de Beverley en Angleterre dans laquelle l’archevêque Ealdred de York édifia au XIe siècle un pulpitum au-dessus de la clôture de choeur (35). La fresque, représentant le Miracle de Noël à Greccio peinte par Giotto en 1297 dans l’église San Francesco à Assise, témoigne de cette réunion de la paroi du chœur et de l’ambon. L’exemple le plus significatif et encore en place de ce type d’aménagement, est sans doute la clôture de chœur de la Schola Cantorum de l’église Saint-Clément à Rome  (36), dispositif datant du Ve siècle mais remanié durant la première moitié du XIIe siècle. Contrairement à ce qu’on a pu voir dans l’église de Brancoli, l’ambon n’est plus ici un élément isolé placé devant la clôture de chœur, mais il a fusionné avec celle-ci.

    Schola Cantorum, XIIe siècle. (Rome, Basilique Saint-Clément-du-Latran)
    Photo Basilique Saint-ClémentFermer
    Schola Cantorum, XIIe siècle. (Rome, Basilique Saint-Clément-du-Latran)
    Jubé, 1149. (Vezzolano, abbaye)
    Reproduction extraite de : PIVA P. (dir.), L’esprit des pierres, Paris, CNRS Editions, 2008, p. 247.Fermer
    Jubé, 1149. (Vezzolano, abbaye)
    Jubé (Braine-le-Comte, église Saint-Géry)
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    Jubé (Braine-le-Comte, église Saint-Géry)

    La fusion de l’ambon et de la clôture de chœur est probablement à l’origine de l’érection de jubés à la fin du XIIe siècle. Celui de l’abbaye de Vezzolano en Italie, érigé en 1189, est le plus ancien conservé  (37). En Allemagne, après 1193, on érigea un jubé dans l’abbatiale Saint-Michel d’Hildesheim dont il ne reste aujourd’hui plus que les murs nord et sud (38). Les jubés semblent d’abord avoir été construits dans les cathédrales, collégiales, monastères, et seulement ensuite dans les églises des villes secondaires et dans les villages (39). À partir de la fin du XVe siècle, certaines églises paroissiales, dont celle de Saint-Géry à Braine-le-Comte, érigent des jubés, non plus pour des raisons fonctionnelles, l’absence de moines ou de chanoines ne requérant pas ici de clôture, mais pour des raisons formelles et « iconographiques »  (40). Pour Paul Philippot, la présence du jubé « répond alors aux modalités de la sensibilité spatiale associée à la liturgie et à la division de l’église en succession d’espaces sacrés distincts, généralement matérialisés par la clôture du chœur et des autels latéraux, voire des chapelles »  (41), une fragmentation de l’espace qui rencontre également le besoin de hiérarchiser les différentes parties constitutives du sanctuaire.

    GAUCHERY, Reconstitution de la perspective ouest du plan du jubé de Bourges, 1917-1918.
    Reproduction extraite de : PIVA P. (dir.), L’esprit des pierres, Paris, CNRS Editions, 2008, p. 242.Fermer
    GAUCHERY, Reconstitution de la perspective ouest du plan du jubé de Bourges, 1917-1918.

    Le jubé serait donc le résultat de la réunion de la clôture de chœur, du tref et de l’ambon (42). Cette opinion est déjà formulée en 1919 par Enlart dans son Manuel d’Archéologie française. Le jubé, nous dit-il, est « un portique surmonté d’une galerie, il représente la réunion et le développement du chancel, des ambons et du tref »  (43) . La plupart du temps érigé dans le transept à l’entrée du chœur (44), l’emplacement du jubé peut varier selon la taille de la communauté religieuse (45). En ce qui concerne la structure même du jubé, elle paraît différer selon les pays, les régions et les traditions formelles locales. Dans nos régions et en France, les jubés se présentent généralement sous la forme d’une tribune soutenue par une galerie constituée de trois à sept arcades prenant appui sur un mur de fond percé d’une ou plusieurs portes menant au chœur (46). Les jubés de Chartres (1230-1240) et de Bourges (v.1230), aujourd’hui détruits mais connus par des dessins et des gravures sont deux exemples emblématiques de ce type de jubé. En France, aucun jubé du XIIIe siècle n’est conservé dans son état originel et les jubés les plus importants tels que ceux de Chartres (1230-1240), de Sens (XIIIe), de Bourges (v. 1230) et d’Amiens (v. 1270), ne sont plus conservés qu’à l’état de fragments (47). À la même époque dans les Pays-Bas méridionaux, on constate également l’érection de jubés, notamment à Ypres (1256-57) et à Bruges dans les collégiales Saint-Donatien (avant 1276) et Saint-Sauveur (avant 1280)  (48). De ces jubés, là non plus il ne reste rien.

    Intérieur de l’église du Gesù, 1568 (Rome)
    Reproduction extraite de : WikipediaFermer
    Intérieur de l’église du Gesù, 1568 (Rome)

    Pour des raisons qui restent encore à préciser mais qui paraissent liées à une modification de la conception de l’espace ecclésial, les destructions de jubés se font nombreuses aux XVIe et XVIIe siècles. En effet, en réponse aux attaques protestantes, le Concile de Trente (1545-1561) met l’accent sur la nécessité d’impliquer davantage les fidèles lors de la célébration de la Messe (49), ce qui a pour conséquence une nouvelle mise en scène du sacré dans l’espace. On privilégia progressivement un espace unifié dans lequel la vue de l’autel était directement visible (50). Les autels secondaires disposés dans la nef furent alors déplacés vers les chapelles latérales, dégageant de cette façon, le vaisseau central et la vue du maître-autel (51). L’église du Gesù à Rome (1568-1584) est un exemple particulièrement révélateur de cette nouvelle spatialité. Dans les Pays-Bas méridionaux, cette hiérarchisation plus claire de l’espace ecclésial n’apparaît que plus tard, dans le deuxième quart du XVIIe siècle. Dans cette perspective, les jubés sont donc perçus par leurs détracteurs comme des obstacles à une visibilité du rituel. De ce fait, nombre d’entre eux seront détruits, tandis que les plus chanceux sont démontés et reconstruits au revers de la façade (52). C’est le cas des jubés des églises Saint-Ursmer à Binche et Saint-Géry à Cambrai, respectivement déplacés en 1778 et 1740 au revers de la façade occidentale. Par conséquent, à partir du XVIIe siècle, on n’érige pratiquement plus de jubés (53).

    COENRAED VAN NORENBECH, Jubé de la cathédrale Saint-Jean de Bois-le-Duc, 1610-1613. (Londres, Victoria & Albert Museum, inv. n°1046-1871)
    Photo Charlotte DonnayFermer
    COENRAED VAN NORENBECH, Jubé de la cathédrale Saint-Jean de Bois-le-Duc.

    Lors de cette restauration catholique, l’Eglise va donc jouer un rôle important dans le démantèlement et la destruction des jubés qui furent par contre souvent maintenus par les calvinistes qui les intégrèrent dans leur liturgie (54). Le jubé de la cathédrale de Bois-le-Duc (1610-1613) illustre bien ce phénomène : il n’est en effet vendu au Victoria & Albert Museum de Londres qu’en 1866, c’est-à-dire lorsque la cathédrale, édifice calviniste depuis 1629, est rendue au culte catholique (55). L’occupation française des Pays-Bas entre 1792 et 1815 fut également à l’origine de la destruction de nombreux jubés : à Mons, le jubé conçu par Jacques Dubroeucq est démantelé en 1798 (56); les sculptures de celui de Sainte-Gudule à Bruxelles sont enlevées en 1793 tandis que le jubé est définitivement supprimé en 1804 (57). La question de l’intérêt du maintien in situ des jubés se pose néanmoins tout au long du XIXe siècle. En 1884, Léon Cloquet publie, en effet, un véritable plaidoyer en faveur des jubés et de la nécessité de leur conservation, attestant du parti pris alors par certains en faveur du maintien de ce dispositif (58).

    Fonctions et usages du jubé

    Isoler

    Comme nous l’avons précédemment mentionné, la raison d’être du jubé est d’isoler les religieux de la congrégation laïque en définissant un espace sacré. Cependant, le jubé ne doit pas pour autant être perçu comme un mur occultant totalement la vue du chœur aux fidèles (59). En effet, de nombreux écrits de l’époque témoignent de la volonté des communautés religieuses d’offrir une certaine visibilité du déroulement de la messe aux fidèles et ce, plus particulièrement au moment de l’élévation de l’hostie. Au XIIIe siècle, Eudes de Sully, évêque de Paris en 1208, explique que l’élévation de l’hostie doit être vue par tous les fidèles (60). Dans le décret de 1249 du chapitre général des Dominicains, il est demandé qu’une fenêtre soit ouverte dans le jubé à ce moment précis de la célébration (61). Pour une meilleure visibilité de l’élévation de l’hostie, les religieux recourent à divers stratagèmes visuels. À Chartres, on suspend une tenture de couleur vive derrière le maître-autel de façon à faire ressortir l’hostie, tandis qu’à d’autres endroits, on place sur l’autel des chandeliers dont la lueur des cierges permettait d’accentuer et de faire vibrer l’éclat des ors des retables assurant ainsi les conditions particulières d’une mise en scène du geste de l’élévation (62). L’ouverture des portes du jubé uniquement à certains moments de la célébration amplife d’ailleurs considérablement l’action se déroulant dans le chœur (63). De plus, en dissimulant la vue du chœur, le jubé accroit l’intensité des rituels qui s’y déroulent et attise la curiosité des fidèles (64). L’élévation de l’hostie est un moment de révélation extrême pour les fidèles, renforcé par l’encens et les chants qui l’accompagnent (65). À Sens, les arcades du jubé sont entièrement ouvertes, donnant à voir aux fidèles l’intérieur du chœur (66).

    Pour Jacqueline Jung, il faut donc penser le jubé comme une structure ambivalente permettant tout à la fois d’unifier deux espaces, deux groupes sociaux différents, tout en définissant un espace neutre entre les deux : « Even as the screen distinguishes the physical and symbolic domains of nave and choir, its open portal reasserts the continuity of those realms »  (67). Le jubé peut donc être perçu comme « marqueur de frontières », selon la définition établie par Van Gennep (68). Les portes ouvertes du jubé laissant entrevoir le chœur aux fidèles offrent à ces derniers plusieurs occasions d’accéder visuellement au lieu le plus sacré. De cette façon, le jubé multiplie l’expérience du « passage » qui débute avec le portail et se poursuit ensuite à l’intérieur de l’église (69).

    Lire et chanter

    En plus de son rôle de « divider »  (70), le jubé remplit de multiples fonctions qu’il est possible de regrouper en deux catégories : d’une part, leur tribune permit de « lire et chanter » et les textes sacrés, et d’autre part, ils furent le lieu et le cadre servant à mettre en scène certains « les événements solennels ».

    Le jubé, tribune de lecture

    Le jubé a aussi pour fonction de servir de tribune du haut de laquelle l’Évangile est chanté et l’Épître est lu (71). Auparavant, et ce de l’époque paléochrétienne au XIIe siècle, l’Évangile était chanté depuis l’ambon. Comme ce dernier, le jubé permet de surélever le prêtre afin qu’il puisse lire les textes sacrés tout en aménageant un espace réservé (72). Dans son ouvrage intitulé Dissertations ecclésiastiques sur les principaux jubés des églises, paru en 1688, l’abbé Thiers s’est attaché à reconstituer l’origine de cette tradition (73). Au IIe siècle déjà, saint Cyprien nous dit : « Que fallait-il faire d’autre que de le faire accéder à l’ambon…pour que, monté sur ce lieu élevé, visible du peuple tout entier, comme il convient à ses mérites, il lise les enseignements de l’Évangile du Seigneur…» (74). Deux siècles plus tard, dans les Constitutions Apostoliques (vers 380), il est également recommandé de lire les textes sacrés depuis un lieu élevé (75). Selon les auteurs, les raisons de cette pratique sont diverses. Au Xe siècle, dans son Traité sur le sacrement de l’autel, Etienne, évêque d’Autun, l’explique de manière allégorique en se référant au prophète Isaïe : « On lit l’Evangile sur le jubé aux jours de fêtes parce qu’il est commandé à celui qui annonce la parole de Dieu à Sion, de monter » (76). Au XIe siècle, Jean, évêque d’Avranches et archevêque de Rouen nous dit que l’Évangile doit être lu en hauteur car il est le texte sacré par excellence et doit être au-dessus de la Loi et des prophètes (77). Dans son Rationale divinorum officiorum (1286), Guillaume Durand mentionne que :

    « le diacre monte au jubé pour montrer que Jésus-Christ environne et protège tous ceux qui gardent les paroles de l’Evangile, et afin d’être entendu plus aisément des Fidèles. Il y monte pour annoncer l’Evangile dans un lieu élevé et à haute voix, parce que la parole de Dieu doit être entendue en tous lieux et de tout le monde. On lit l’Evangile dans un lieu haut et élevé, parce que la doctrine Evangélique a été portée par toute la terre » (78).

    Le nombre de lutrins disposés sur le jubé pouvait varier entre un et quatre (79). À Tournai, le cérémonial-ordinaire de la cathédrale Notre-Dame (XVe siècle) mentionne deux lutrins sur le jubé gothique érigé au milieu du XIIIe siècle. Le plus élevé, destiné à l’Évangile, était placé au nord tandis qu’un second était disposé au sud pour la lecture de l’Épître (80). L’Ordre Romain (IXe siècle) spécifie qu’ « il n’y a que l’Evangile qui doive être chanté sur le Lutrin le plus élevé et le moins élevé est pour l’Epître, le Graduel, l’Alléluia et le Trait» (81).

    D’après les témoignages historiques cités par Thiers, allant du XIe au XVIe siècle, le rituel liturgique précédant la lecture de l’Évangile semble avoir été constant (82). Après avoir reçu la bénédiction du célébrant, le diacre prend le livre sur l’autel et le baise. Ensuite, il le pose sur son épaule pour le porter jusqu’au jubé. Il est précédé par deux acolytes tenant chacun un flambeau et, par trois sous-diacres dont deux portent un encensoir, le troisième, l’encens. Arrivés au pied du jubé, les deux acolytes s’écartent pour laisser monter les sous-diacres et le diacre. Les sous-diacres redescendent immédiatement par le second escalier tandis que le diacre monte sur le lutrin le plus haut et se tourne du côté de la congrégation masculine, vers le midi ou le septentrion selon les édifices, pour chanter l’Évangile. Une fois celui-ci terminé, le diacre descend du jubé par le second escalier, donne le livre à un sous-diacre qui le fait ensuite baiser à l’évêque, au célébrant, … (83).

    Dans son Explication des Offices divins, Jean, évêque d’Avranches et archevêque de Rouen (XIe siècle) explique que les deux sous-diacres portant les encensoirs précèdent le diacre car « […] les oeuvres de Jesus-Christ ont précédé sa Doctrine […] » (84). Il ajoute que : « […] le lieu élevé d’où l’on chante l’Evangile, marque l’éminence de la prédication de la parole de Dieu […] et les deux cierges que l’on porte devant le Diacre signifient la Loi et les Prophètes qui ont précédé l’Evangile.»  (85).

    Il est dit que pour lire l’Évangile, le diacre se tourne vers le sud ou le nord, selon l’endroit où est placée la congrégation masculine. Le pape Innocent III, qui décrit la même cérémonie au XIIIe siècle, ajoute, quant à lui, une autre interprétation : « le diacre se tourne vers le septentrion afin de chasser le diable et de faire venir l’esprit Saint ; et c’est ce qui l’oblige de se munir du signe de la Croix, de peur que le diable, qui dresse des embûches à nos bonnes oeuvres, ne lui ôte la devotion du choeur, et la parole de la bouche. » (86) Thiers mentionnne qu’à son époque, au XVIIe siècle, l’usage de chanter l’Évangile depuis le jubé le dimanche et les jours de fêtes est toujours en vigueur, tant en Occident qu’en Orient (87). Cependant, dans les Pays-Bas méridionaux, Steppe souligne qu’à partir du XVIIe siècle, cette tradition perd en importance, notamment dans les églises du Brabant où on y met fin, comme à Saint-Rombaut à Malines en 1603 et à Sainte-Gudule à Bruxelles en 1622 (88). Il évoque des raisons pratiques : les robes lourdes des prêtres auraient rendu difficile la montée au jubé. A priori, cette affirmation semble peu probable en raison de la qualité et de l’importance de cette tradition.

    À partir du XIIe siècle, la tribune du jubé aurait servi également à la prédication (89). Dans certains jubés gothiques ou renaissants des Pays-Bas méridionaux, cet usage est affirmé par la présence d’une chaire à prêcher en saillie disposée au centre de la tribune (90). Cependant, à partir de la fin du XVIe siècle et pendant la période baroque, on remarque que l’intégration d’une telle chaire à la tribune du jubé se raréfie considérablement. Cet abandon progressif est, sans aucun doute, à mettre en relation avec un usage de plus en plus fréquent dès la fin du XVe siècle de la chaire à prêcher (91).

    Depuis la tribune du jubé, le prêtre lit également les Actes des martyrs et le récit des nouveaux miracles ; récits exemplaires et exemplatifs qui ont pour but d’inspirer les fidèles à imiter le comportement des saints et à accroitre leur foi en Dieu (92).

    Le jubé, tribune de chant

    Au Moyen Âge et à l’époque moderne, le jubé fait également office de tribune de chant (93). Généralement, les chantres y montent pour chanter au pupitre le moins haut le graduel, le trait, l’Alléluia, les prophéties, les leçons aux Matines et les généalogies (94). À ces chants principaux s’ajoutent des antiennes, des répons et des versets qui varient selon les jours et les fêtes associées (95). Le cérémonial-ordinaire du XVe siècle de la cathédrale Notre-Dame à Tournai nous informe à propos de l’usage du jubé comme tribune de chant (96). Lors de la grand-messe, le graduel était chanté au jubé par deux chapelains, le trait par quatre enfants placés deux à deux et l’Alléluia soit par trois chanoines soit par trois prêtres du grand autel (97). Aux fêtes doubles, le graduel était chanté par deux sous-diacres, l’Alléluia par deux prêtres du grand autel, le trait éventuel par quatre prêtres du grand autel, en alternance, deux à deux (98). Enfin, aux fêtes à neuf leçons, l’Alléluia était chanté par deux chapelains tandis que le trait l’était en alternance soit par deux sous-diacres au jubé et deux diacres au lutrin, soit par deux sous-diacres et deux diacres au jubé et par deux prêtres du grand autel au lutrin (99). Le nombre de chantres était donc proportionnel à l’importance de la fête célébrée (100).

    À la Contre-Réforme, la tribune d’orgue érigée au revers de la façade occidentale de l’édifice remplace le jubé dans cette fonction. Comme son nom l’indique, un orgue y est disposé pour accompagner les chantres (101). Les jubés démantelés et reconstruits au revers de la façade font alors, dans un certain nombre de cas, office de tribune d’orgue. Pour cette raison les tribunes d’orgue sont parfois appelées, à tort, « jubé ». Conservé à son emplacement original, le jubé de Tournai fait office également de tribune de chant. D’après un acte capitulaire, le chapitre envisage dès 1637 d’y placer un petit orgue (102). Cependant, pour on ne sait quelle raison, le projet n’est pas concrétisé et il faut attendre huit ans pour le placement d’orgues sur le jubé (103). À partir de ce moment, le jubé remplit le rôle de tribune d’orgue jusqu’au XIXe siècle comme en attestent l’inventaire du mobilier de la cathédrale de 1889 (104) et le récit de le Maistre d’Anstaing en 1842 : « Non seulement le jubé est beau, mais il est encore très utile, destiné qu’il est à contenir la musique du chœur, merveilleusement placée ainsi dans un lieu élevé, entre le clergé et le peuple, et d’où elle peut facilement être entendue par toute l’église. » (105)

    Événements solennels

    Le jubé, lieu de célébrations et de dévotions

    Lorsqu’il sert de support à l’ostention des reliques saintes, le jubé devient le centre de tous les regards (106). On y expose également le Saint-Sacrement le jeudi saint (107), on y bénit les rameaux, les cierges et les cendres (108). À Braine-le-Comte et à Soignies, le dimanche des Rameaux, l’adoration de la Croix se faisait sous les arcades du jubé (109). À Braine-le-Comte, la procession des reliques de saint Jacques et de saint Christophe se termine sous le porche du jubé où les reliquaires sont donnés à baiser aux fidèles (110).

    Depuis la tribune du jubé, le prêtre donne également l’absolution le mercredi des cendres, le Jeudi saint et le jour de Pâques (111). À Tournai, lors de certaines fêtes, le jubé est paré de tapisseries et les luminaires sont pourvus de cierges (112). En 1749, le chanoine Waucquier donne une description de ces agencements :

    «Autrefois – et il n’y a pas longtemps – pendoit devant cette venerable croix ce que j’apellerai ici le vieux lampadaire du choeur ; qu’on en avoit ôté, selon toute aparence, lorsqu’au lieu de celui-là qui étoit de cuivre, l’on en avoit substitué un d’argent, qui a précédé celui de nouvelle forme, tel qu’il l’est aujourd’hui, pendant devant le grand autel. Ces anciens, tant celui d’argent – qui auroit été fondu pour en former le moderne – que celui de cuivre – qui pendoit devant la grandre croix – avoi[en]t , au lieu de lampes, trois bassins en forme de plats au milieu desquels il y avoit de quoi tenir un cierge. Ils pendoient tous trois à égale distance le long d’une verge de fer que portoient deux chainettes aussi de fer, attachées au dessus des voutes, et qu’on descendoit en la maniere que l’on descend aujourd’hui le lampadaire moderne. A ce lampadaire, éclipsé de devant la grande croix, l’on allumoit trois cierges pendant les petites vêpres de la passion, qui se chantent tous les vendredis de carême, hors le dernier.»  (113)

    À l’époque du chanoine Waucquier, les cierges sont allumés lors des petites vêpres de la Passion, témoignant de la tradition de chanter la Passion pendant la Semaine Sainte dans certaines églises des Pays-Bas et de France (114).

    Jacqueline Jung mentionne également la présence, plus rares, d’autels sur les jubés, et cite en exemple l’église Saint-Etienne à Vienne (115). À Mons, le livre des comptes de la collégiale Sainte-Waudru mentionne à deux reprises la présence d’un autel sur le jubé érigé par Dubroeucq entre 1535 et 1549 (116). À Binche, lors de l’audience du 31 juillet 1738, il est question de la destruction de l’autel du jubé afin de pouvoir y placer un orgue (117). Ces deux exemples corroborent l’hypothèse de la présence d’autels sur la tribune du jubé.

    Le jubé, scène pour la représentation de Mystères
    Maquette représentant une sacra rappresentazione de l’Annonciation, décors de Brunelleschi, XVe. (Florence)
    Reproduction extraite de : WikipediaFermer
    Maquette représentant une sacra rappresentazione de l’Annonciation

    Dans un certain nombre de lieux, la tribune du jubé fait office de scène pour la représentation de Mystères (118). Dans l’église Santa Felicita de Florence (119), on rejoue l’Annonciation, à Santo Spirito, la Pentecôte, et dans l’église des Carmélites, l’Ascension. Ces « mises en scène religieuses » sont parfois rejouées pour des personnalités importantes de passage dans la ville italienne, comme en témoigne le récit d’Abraham, évêque de Souzdal. Séjournant dans la cité florentine lors du Concile de 1439, il décrit le déroulement des représentations de l’Annonciation et de l’Assomption. Lors de la scène de l’Annonciation, illustrée par une maquette, Dieu, caché par un rideau, est assis sur une plateforme construite au revers de la façade, dans l’axe du jubé sur lequel la Vierge est en train de lire. À un moment donné, le rideau tombe et dévoile Dieu le Père. Celui-ci envoie l’ange Gabriel qui va, par un système de poulies voler au-dessus des fidèles, jusqu’au jubé pour porter le message divin à Marie. Une fois celui-ci transmis, l’ange quitte le jubé au moment même où retentit un coup de tonnerre. Alors, descend de la voûte une colombe et toutes les lumières s’allument d’un coup pour évoquer le moment de l’Incarnation (120). Le dispositif mis en place pour l’Assomption nécessite un système de poulies et un décorum très important. Sur le jubé, était construite une montagne au-dessus de laquelle les cieux sont évoqués par un nuage suspendu à une plateforme contenant le système de poulies. Celles-ci permettent de hisser le Christ lors de son ascension. Au moment où celui-ci disparaît derrière le nuage, il y a dans l’église une explosion de lumière et d’étincelles. Mais le Christ n’a pas terminé son ascension et lorsqu’il arrive auprès de son Père, la musique cesse, les lumières s’éteignent et un rideau voile les cieux. Les Apôtres et Marie attendent sur le jubé. Et là, des anges descendent du ciel pour leur annoncer la bonne nouvelle (121). Selon Marcia Hall, cette tradition disparaît à la fin du Quattrocento (122). Dans nos régions aussi, on a connu ces représentations théâtralisées. On a célébré notamment la fête de la Pentecôte en laissant s’envoler dans l’église une colombe, symbolisant le Saint Esprit. Cette coutume est attestée dans l’église Sainte-Waudru à Mons, en 1599 dans l’église Saint-Géry à Braine-le-Comte, dans l’église Saint-Jacques à Tournai et au XVIIIe siècle dans la collégiale Sainte-Begge à Andenne (123). Ces cérémonies y étaient sans doute de moindre importance qu’à Florence, mais elles attestent de célébrations plus exceptionnelles lors de certaines fêtes.

    Le jubé, tribune d’annonces religieuses

    Les documents nous apprennent que les jubés ont également servi de lieu de communication entre les religieux et les laïcs : « les jubés étoient les lieux d’où l’on annonçoit aux fidèles tout ce qu’ils avoient intérêt de savoir » (124). Depuis le jubé, le prêtre informait les fidèles des dates des différentes fêtes et périodes du calendrier liturgique. Par exemple, le jour de Pâques et la période de Carême y étaient annoncés aux alentours de Noël (125). À Soissons, on précise même les aliments autorisés à manger pendant le Carême (126). Les jours durant lesquels les laïcs doivent se confesser étaient également signalés depuis le jubé (127).

    Le jubé, tribune pour les jugements ecclésiastiques

    Lorsque des actions graves étaient commises, la tribune du jubé devenait alors l’estrade depuis laquelle les noms des excommuniés étaient proclamés de façon à ce que ceux-ci soient connus de tous (128). Thiers rapporte qu’après le pillage de la maison du doyen de Chartres en 1210, toute la ville fut frappée d’interdit par le chapitre qui excommunia toutes les personnes liées de près ou de loin au pillage : « Tous les jours le Semainier montoit dans le Pupitre et avec chandelles éteintes et clochettes sonnantes excommunioit ceux qui s’étoient trouvés à cette action. On fesoit la même chose dans toutes les paroisses. » (129) Tandis qu’on dénonçait les coupables depuis le jubé, d’autres s’y seraient défendus des pêchés qu’on leur reprochait. Depuis la tribune du jubé, l’accusé, entendu et vu de tous, jurait son innocence sur la Bible (130).

    Le jubé, tribune pour la présentation des évêques

    Lors de l’élection d’un nouvel évêque, celui-ci est présenté publiquement aux fidèles rassemblés dans la nef depuis le haut du jubé (131). Cette cérémonie de présentation est connue à Mayence, à Worms (132) et à Chartres (133). Dans nos régions, elle est attestée au XVIIe siècle à Tournai (134) : « […] et immédiatement, le chantre, de sa stalle, donne le ton de l’hymne Te deum Laudamus. Une fois cet hymne chanté, le Doyen conduit Monseigneur l’Evêque au jubé et là, le chanoine Waterloop lit et notifie la bulle à la population se tenant sous la tribune et y joint une petite oraison. » (135) Cependant, Anne Dupont et Florian Mariage mettent en avant l’aspect plus « théorique que réel » de ce rôle « épiscopal » du jubé de Tournai  (136). En effet, au XVIIIe siècle, la hauteur du jubé empêchant une bonne portée de la voix, on place une chaire mobile sous l’arcade centrale du jubé pour la prédication de l’évêque lors de sa présentation (137). Les écrits de le Maistre d’Anstaing en 1842 confirment les dires du chanoine Waucquier. Le Maistre d’Anstaing précise qu’à son époque, l’évêque ne prêche plus lors de cette cérémonie, mais qu’un chanoine monte au jubé pour y lire les bulles d’institution du nouvel évêque (138). Cependant, le jubé restera jusqu’au XIXe siècle, une « toile de fond » servant de décor lors de la présentation d’un nouvel évêque.

    Le jubé, tribune d’événements politiques

    En Allemagne comme en France, la présentation du nouveau souverain se fait sur le jubé (139). À Reims, Henri II est proclamé roi de France le 26 juillet 1547 sur le jubé de la cathédrale (140) tout comme Louis XIII, le 17 octobre 1610 et Louis XIV, le 7 juin 1654 (141). Le jubé est également la scène d’événements politiques majeurs comme en 1409 à Chartres lors de la réconciliation entre Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, et les enfants du duc d’Orléans (142).

    Conclusion

    L’apparition du jubé au XIIe siècle dans les édifices chrétiens serait donc le résultat de la fusion de l’ambon et de la clôture de chœur. Le jubé va permettre de délimiter l’espace sacré du chœur et de hiérarchiser les différents espaces constitutifs du sanctuaire. Jusqu’au début de l’époque moderne, il va se révéler un dispositif fondamental aux fonctions multiples, religieuses ou politiques, aujourd’hui très largement mésestimées. Nous avons tenté ici de restituer de la manière la plus complète qui soit la diversité remarquable des fonctions qui lui furent assignées. Pour conclure, nous espérons avoir donné au lecteur une idée plus précise et plus juste de ce que fut réellement le jubé.

    Notes

    NuméroNote
    1 Cet article synthétise un chapitre de notre mémoire de master intitulé « Les jubés de la Renaissance dans les Pays-Bas méridionaux. Etudes de cas », et défendu en septembre 2012 à l’Université Libre de Bruxelles.
    2 « Veuillez Seigneur me bénir » dans Dupont A., Mariage F., « L’œuvre exquis du jubé ». Notes et documents (1569-1889) sur un témoin majeur du patrimoine de la Cathédrale de Tournai, Tournai, Art et Histoire, Coll. Instruments de travail, 2006, p. 15 ; Thiers J.-B., Dissertations ecclésiastiques sur les principaux jubés des églises, Paris, Ed. Antoine Dezallier, 1688, p. 2.
    3 Ibid., p. 29.
    4 Denis-Dominique Waucquier fut chanoine de la Cathédrale Notre-Dame de Tournai de 1737 à 1761, date de sa mort (Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 76, note 40.)
    5Waucquier D.-D., La Basilique des Nerviens ou description de l’église cathédrale de Tournai, Bibliothèque de la Cathédrale de Tournai, ms B10, f°115-117, 124v-16r, s.d. [1749] cité dans Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 76-78. Anne Dupont et Florian Mariage remettent en question l’explication du chanoine Waucquier attribuable selon eux à une « mode pseudo antiquisante » pour citer leurs propos, ce qui expliquerait une volonté de donner une étymologie grecque.
    6 Steppe J., op.cit., p. 29.
    7 Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 16-17.
    8 Extrait du compte rendu du 1er octobre 1528 au 30 septembre 1529 par le receveur Jean Cambry (Archives Générales du Royaume à Bruxelles, Chambres des comptes, 39956, f°70 r°) cité dans Ibid., p. 16. On retrouve à Tournai entre autres les orthographes : lichenener, lichenier, lichené (Ibid., p. 16 et 20).
    9 Hall M.B., « The Tramezzo in the Italian Renaissance Revisited » dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 216. Dans ce même article, Marcia Hall insiste sur le fait que les tramezzi italiens diffèrent des jubés allemands, anglais, français, néérlandais par le fait qu’on ne les retrouve que dans les églises monastiques.
    10 Hall M.B., « The Tramezzo in the Italian Renaissance Revisited » dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 216. Dans ce même article, Marcia Hall insiste sur le fait que les tramezzi italiens diffèrent des jubés allemands, anglais, français, néérlandais par le fait qu’on ne les retrouve que dans les églises monastiques.
    11 Loc.cit.
    12 Gerstel S.E.J. (Ed.), Threshold of sacred : architectural, art historical, liturgical and theological perspectives on religious screens, East and West, Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 2.
    13 Piva P., « L’espace liturgique du IVe au XIIe siècle : architecture, aménagement, iconographie », dans Piva P., L’esprit des pierres, Paris, CNRS Editions, 2008, p. 235.
    14 Chevalier P., « Topographie et hiérarchie au sein de l’édifice ecclésial : l’espace du chœur et l’aménagement de ses limites (XIe-XIIe siècle). Quelques réflexions », dans Lieux sacrés et espace ecclésial (IXe-XVe siècle), Toulouse, Ed. Privat, Cahiers de Fanjeaux n°46, 2011, p. 62.
    15 urkheim E., Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, Presses Universitaires de France, 1960, p. 431-453 cité dans D’Hainaut-Zvény B., Les retables d’autel gothiques sculptés dans les anciens Pays-Bas. Raisons, formes et usages, Bruxelles, Académie Royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, t. 26, 2008, p. 203.
    16 Thiers J.-B., Dissertation sur la clôture du choeur des églises, Paris, Ed. Antoine Dezallier, 1688 p. 6 ; Bond F., Dom Camm B., Roodscreens and roodlofts, Sir Isaac Pitman & sons, Londres, 1909, p. 4-7 ; Cobb P.G., « The Architectural Setting of the Liturgy », dans Jones Ch., Wainwright G., Yarnold S. J. E., The Study of Liturgy Revised Edition, Londres, Oxford University Press, 1992, p. 530 ; Ozoline N., « Des iconostases pour notre temps », dans Les enjeux spirituels et théologiques de l’espace liturgique : Conférence Saint-Serge LIe Semaine d’études liturgiques, Congrès organisé à Paris, du 28 juin au 1er juillet 2004, Rome, Ed. Liturgiche, 2005 p. 157. Concernant la séparation des espaces dans le Temple de Jérusalem, voir : Branham J.R., «Penetrating the Sacred : Breaches and Barriers in the Jerusalem Temple», dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J. (dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 7-24.
    17 Le chancel est un terme qui désigne la clôture de chœur à l’époque paléochrétienne. Celle-ci est un mur ou une grille séparant le chœur liturgique des autres parties de l’église. (Pérouse de Montclos J.-M., Principes d’analyse scientifique. Architecture, description et vocabulaire méthodiques, Paris, Ed. du Patrimoine, 2011, p. 462)
    18 « Après donc avoir ainsi achevé le temple, il l’orna de trônes très élevés, pour l’honneur de ceux qui président, et en outre de bancs disposés avec ordre pour les gens du commun, comme il convient. Surtout il établit au milieu l’autel des saints mystères, et pour qu’il ne fût pas accessible à la foule, il l’environna d’une barrière en bois reticulé, qui vers le sommet était travaillée avec un art achevé et offrait aux regards un merveilleux spectacle.» Eusèbe de Césarée, « Des dédicaces célébrées en tous lieux », dans Grapin E., Eusèbe. Histoire écclésiastique, Livres IX-X, Paris, Auguste Picard Editeur, Coll. Textes et documents pour l’Histoire du christianisme, 1913, III, 44, (Bond F., Don Camm B., op.cit., p.13 ; Thiers J.-B., op.cit., p. 8).
    19 Bond F., Screens and Galleries in English Churches, Oxford University Press, Londres, 1908, p.1.
    20 Piva P., op.cit., p. 235.
    21 Une pergula est une clôture comportant une porte et séparant le chœur du reste d’une église dans un édifice paléochrétien. Elle est constituée d’une suite de colonnes placées sur un mur bas et supportant une architrave d’où pendent souvent des lampes (Perrin J., Vasco Rocca S. (sous la dir. de), Thesaurus des objets religieux. Meubles, objets, linges, vêtements et instruments de musique du culte catholique romain, Paris, Editions du patrimoine, 1999, p. 75).
    22 Pérouse de Montclos J.-M., op.cit., p. 464.
    23 Bond F., op.cit., p.3. ; Servières G., «Les jubés (origine, architecture, décoration, démolition) (Premier article)», dans Gazette des beaux-arts, t. 60, 1918, p. 335.
    24 Creissen T., «La clôture de choeur de la cathédrale de Torcello», dans Espace ecclésial et liturgie au Moyen Age, TMO 53, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon, 2010, p. 117.
    25 Ibid., p. 125-126.
    26 Kroesen J.A.E., Steensma R., The Interior of the Medieval Village Church/Het Middeleeuwse dorpskerkinterieur, Louvain/Paris, Ed. Peeters, 2004, p. 175.
    27 L’ambon est une tribune fixe comportant un garde-corps et qui est située à l’entrée du chœur d’une église. Les ambons sont généralement au nombre de deux, celui du nord servant à lire l’Evangile, celui du sud l’Epître. L’ambon peut comporter un ou plusieurs pupitres. Il peut aussi être utilisé comme chaire à prêcher.  (Perrin J., Vasco Rocca S. (sous la dir. de), op.cit., p. 64.)
    28 Piva P., op.cit., p. 238.
    29« altius factum fuit peribulum ut nec clerus populum, nec populus clericos videret », Prévostin repris dans Hubert J., «La place faite aux laïcs dans les églises monastiques et dans les cathédrales aux XIe et XIIe siècles», dans La vita comune del clero nei secoli XI e XII, Actes de la semaine d’étude organisée à Mendola en 1959, Milan, 1962, p. 108 cité dans Piva P., op.cit., p. 239.
    30 Loc.cit.
    31 Steppe J., op.cit., p. 26 ; Chedozeau B., Choeur clos, choeur ouvert. De l’église médievale à l’église tridentine (France, XVIIe-XVIIIe siècle), Ed. du Cerf, Paris, 1998, p. 2 ; Van Duinen H.A., op.cit., p. 40 ; Philippot P., L’architecture religieuse et la sculpture baroque dans les Pays-Bas méridionaux et la principauté de Liège : 1600-1770, Sprimont, 2003, p. 495.
    32 Cet autel est disposé devant le jubé, sous la croix triomphale, d’où son nom.
    33 Piva P., op.cit., p. 239. L’auteur s’appuie notamment sur les propos de Prévostin qui donne la raison d’une telle clôture « in signum continenzie [continentie] clericorum ».
    34 Steppe J., op.cit., p. 26.
    35 Ibid., p. 23.
    36 Piva P., op.cit., p. 240.
    37 Kroesen J.E.A., Steensma R., op.cit., p. 179. Au sujet du jubé de Vezzolano voir Hall M.B., « The Tramezzo in the Italian Renaissance Revisited », dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 228.
    38 Cours dispensé à l’Ecole du Louvre par Monsieur Pierre-Yves Le Pogam, conservateur au Département des Sculptures du Musée du Louvre (Paris, 2008-2009). Notes de cours de Madame Christine Vivet-Peclet, documentaliste en chef au Département des Sculptures du Musée du Louvre. Thiers souligne que ce développement architectural aurait été accentué également par un facteur pratique : le jubé protégeait les religieux, amenés à passer plus de temps dans les églises en raison de la multiplication des offices au XIIe siècle, du froid et des courants d’air. Cette explication nous semble peu convaincante (Thiers, op.cit., p. 21 ; Bocquillot L.A., Traité historique de la liturgie du sacré ou de la Messe, Paris, Imprimerie Royale, 1701, p.70).
    39 Steppe J., op.cit., p. 26.
    40 Philippot P., op.cit., p. 495. Par exemple, le jubé de l’église Saint-Géry à Braine-le-Comte.
    41 Loc.cit.
    42 Steppe J., op.cit., p. 23.
    43 Enlart C., Manuel d’archéologie française depuis les temps mérovingiens jusqu’à la Renaissance. Architecture religieuse. Période française dite gothique, style flambloyant, Renaissance, Paris, Auguste Picard Editeur, 1920, p. 863.
    44 Pour en savoir plus sur la place du chœur dans les édifices chrétiens voir Frommel S., Lecomte L. (sous la dir. de), La place du chœur. Architecture et liturgie du Moyen Âge aux Temps modernes, actes du colloque de l’EPHE organisé à l’Institut national d’histoire de l’art, les 10 et 11 décembre 2007, Paris, Ed. Picard, 2012.
    45 Hall M.B., « The Tramezzo in Santa Croce, Florence, Reconstructed », dans The Art Bulletin, vol. 56, n°3, septembre 1974, p. 338.
    46 Jung J., « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 625.
    47 Cours dispensé à l’Ecole du Louvre par Monsieur Pierre-Yves Le Pogam, conservateur au Département des Sculptures du Musée du Louvre (Paris, 2008-2009). Notes de cours de Madame Christine Vivet-Peclet, documentaliste en chef au Département des Sculptures du Musée du Louvre.
    48 Steppe J., op.cit., p. 28.
    49 Kroesen J.A.E., Steensma R., op.cit., p. 240.
    50 Au sujet de cette nouvelle spatialité voir Philippot P., op.cit., p. 143-147.
    51 Ibid., p. 146.
    52 Bangs J.D., « Netherlandish Renaissance Choir Screens », dans Rencontres de Fribourg. Activités artistiques et pouvoir dans les Etats des Ducs de Bourgogne et des Habsbourg et les régions voisines, Actes de colloque organisé à Fribourg, les 14, 15, et 16 septembre 1984, Bruxelles, Ed. Centre européen d’études bourguignonnes (XIVe-XVe siècles), 1985, p. 120.
    53 Philippot P., op.cit., p. 495.
    54 Bangs J.D., op.cit., p.120.
    55 Loc.cit.
    56 Didier R., Jacques Dubroeucq 1505-1585, s.l., Ars Libris, (coll. « La mémoire de l’Art »), 2000, p. 142.
    57 Ibid., p. 137.
    58 Cloquet L., Les jubés des églises de Tournai, Tournai, 1884.
    59 Le passage qui suit résume la pensée de Jacqueline Jung exprimée dans deux articles : « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 622-657, et « Seeing Through Screens : The Gothic Choir Enclosure as Frame », dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 184-213. À travers des comparaisons avec la peinture flamande du XVe siècle et l’étude du programme iconographique du jubé, Jung s’attache principalement à déterminer la perception qu’ont les fidèles de celui-ci.
    60 « ut possi ab omnibus videri », Odon de Sully, Synodicae Constitutiones 28, dans Pat. lat., vol 212, p. 65, cité dans Id., « Beyond the Barrier :… », 2000, p. 627.
    61« (…) Poterunt tamen aliqui fenestre ibidem aptari. Ut tempore elevacionis corporis dominici possint aperiri.» cite dans Id., « Seeing Through Screens : … », 2006, p. 189
    62 Id, « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 627.
    63 Id, « Seeing Through Screens : : The Gothic Choir Enclosure as Frame », dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 192.
    64 Id, « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 628.
    65 Id, « Seeing Through Screens : The Gothic Choir Enclosure as Frame », dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 192 ; Palazzo E., Liturgie et société au Moyen Age, France, Ed. Aubier (Coll. historique), 2000, p. 27-28.
    66 Lachat Y., « Le jubé de la cathédrale de Sens et son rôle dans les cérémonies liturgiques », dans Bulletin de la Société Archéologique de Sens, t.43, 1942, p. 377-379 cité dans Jung J., « Beyond the Barrier : … », 2000, n°4, p. 652, note 60
    67 Id, « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 630-631.
    68 Id, « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 630-631.
    69 Loc.cit.
    70 Jung J., op.cit., p. 629.
    71 Ibid., p.628.
    72 Loc.cit.
    73 Thiers J.-B., Dissertations ecclésiastiques sur les principaux jubés des églises, Paris, Ed. Antoine Dezallier, 1688, p. 168.
    74 Saint Cyprien, Lettre 38,2, Ed. L. Bayard, Les Belles Lettres, t. I, 1925, p. 96 cité dans Martimort, t. II, p. 76.
    75 Thiers J.-B., op.cit., p. 169.
    76 Cité dans Ibid, p. 184.
    77 Cité dans Ibid., p. 185.
    78 Cité dans Thiers J.-B., op.cit., p. 196. Il est important de spécifier que, comme l’a souligné Georges Servières, Thiers tend à confondre l’ambon et le jubé, en raison probablement de leur fonction liturgique similaire (Servières D., op.cit., p.359). Par conséquent, dans les textes antérieurs au XIIe siècle, époque à laquelle apparaissent les premiers jubés, Thiers traduit de façon erronée le terme ambo par « jubé ». La traduction exacte est tout simplement « ambon ».
    79 Thiers J.-B., op.cit., p. 29-31.
    80 Pycke J., Sons, couleurs, odeurs dans la cathédrale de Tournai au 15e siècle. I. Edition du cérémonial et des ordinaires, suivie du commentaire (I) : les acteurs, les lieux et le mobilier liturgique, Bruxelles, Ed. Nauwelaerts, Coll. Bibliothèque de la Revue d’histoire ecclésiastique, fascicule 84, 2004, p.142.
    81 Cité et traduit par Thiers dans Thiers, op.cit., p. 30.
    82 Thiers J.-B., op.cit., p. 180-200.
    83« Deinde diaconus osculans pedes pontificis, tacite dicit ei pontifex : Dominus sit in corde tuo et in labiis tuis. Deinde venit ante altare, et osculatis evangeliis levat in manus suas codicem. Et procedunt ante ipsum duo subdiaconi regionarii levantes thymiamaterium de manu subdiaconi sequentis mittentes incensum. Et ante se habent duos acolythos portantes duo cereostata. Venientes ad ambonem dividuntur ipsi acolythi ante ambonem, et transeunt subdiaconi et diaconus cum evangelio per medium eorum. Ille qui absque thymiamaterio est, vertens se ad diaconum, porrigit ei bracchium suum sinistrum in quo ponit evangelium, ut manu subdiaconi aperiatur ei locus in quo signum lectionis positum fuerit ; et interposito digito suo diaconus in loco lectionis adscendit ad legendum, et illi duo subdiaconi redeunt stare ante gradum descensionis ambonis. Finito evangelio dicit pontifex : Pax tibi. Deinde dicit : Dominus vobiscum. Respondetur : Et cum spiritu tuo. Et dicit : Oremus. Descendente autem diacono, subdiaconus qui prius aperuerat, recipit evangelium et porrigit eum subdiacono sequenti qui in filo stat, quid tenens ante pectus suum super planetam, porrigit osculandum omnibus per ordinem graduum qui steterint. », Cuthbert E.G., Atchley F., Ordo Romanus Primus, Londres, The Library of Liturgiology and Ecclesiology for English Readers, 1905, p.132.
    84 Cité dans Thiers J.-B., op.cit., p. 188.
    85 Loc.cit.
    86 Traduit par Thiers dans Ibid., p. 191.
    87 Ibid., p. 168 et 204.
    88 Steppe J., op.cit., p. 40.
    89 Loc.cit.
    90 Église Notre-Dame à Aarschot (v.1500), église Saint-Martin à Tessenderloo (v.1525), église Saint-Materne à Walcourt (v.1531), église Saint-Gommaire à Lierre (1535-38), église Saint-Jacques à Liège (1538), collégiale Sainte-Waudru à Mons (1535-1549), cathédrale Notre-Dame à Tournai (1572-75), église Saint-Jean-Baptiste à Wellen.
    91 Kroesen J.A.E., Steensma R., op.cit., p. 238.
    92 Thiers J.-B., op.cit., p. 54.
    93 Steppe J., op.cit., p. 38 ; Jung J., op.cit., 2000, p. 629 ; Kroesen J.A.E., Steensma R., op.cit., p. 182.
    94 Thiers J.-B., op.cit., p. 130 et 136-167 ; Steppe J., op.cit., p. 41.
    95 Thiers J.-B., op.cit., p. 136.
    96 Pycke J., op.cit., p. 143-144.
    97 Ibid., p. 143.
    98 Loc.cit.
    99 Ibid., p. 144.
    100 Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 49.
    101 Philippot P., op.cit., p. 237.
    102 Dupont A., Mariage F., op.cit., p.49.
    103 Loc.cit.
    104 Inventaire publié dans Dupont A., Mariage F., « L’oeuvre exquis du jubé »..., 2006, p. 92.
    105 Le Maistre d’Anstaing, t.I, 1842, p. 357-363, cité dans Ibid, p. 87.
    106 Thiers J.-B., op.cit., p.124 ; Jung J., op.cit., p. 629.
    107 Thiers J.-B., op.cit., p. 123.
    108 Ibid., p. 123-124.
    109 Dujardin C., Croquet J.B., Bourdeau P., La paroisse de Braine-le-Comte. Souvenirs historiques et religieux, Braine-le-Comte, Ed. Zech et fils, 1889, p. 178. Les auteurs ne donnent aucune date pour cette pratique.
    110 Ibid., p. 190.
    111 Thiers J.-B., op.cit., p. 120-122. Ces absolutions semblent toujours être en vigueur à l’époque de Thiers ; À Tournai, le jeudi saint, le célébrant donnait l’absolution aux fidèles depuis le jubé (Pycke J., op.cit., p. 142-143).
    112 Pycke J., op.cit., p. 143.
    113 Waucquier D.D., La Basilique des Nerviens ou description de l’église cathédrale de Tournai, Bibliothèque de la Cathédrale de Tournai, ms B10, f°115-117, 124v-16r, s.d. [1749] reproduit dans Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 78.
    114 Steppe J., p. op.cit.,38 ; Thiers J.-B., op.cit., p. 226.
    115 Jung J., op.cit., p.629.
    116 Extrait du livre des comptes du chapitre de Sainte-Waudru de l’année 1546 cité dans Didier R., Jacques Dubroeucq 1505-1585, s.l., Ars Libris, (Coll. « La mémoire de l’Art »), 2000, p. 141.
    117 Graux A., « À propos du jubé de Binche », dans Société d’Archéologie et des Amis du Musée de Binche, Binche, n°9, mai 2009, p. 9.
    118 Au Moyen Âge, genre théâtral qui mettait en scène des sujets religieux.
    119 Le passage qui suit décrivant les scènes de mystères en Italie, appelées sacre rappresentazioni, s’inspire très fidèlement de : Hall M.B., « The Tramezzo in the Italian Renaissance Revisited », dans Tresholds of the sacred. Architectural, Art Historical, Liturgical and Theological Perspectives on Religious Screens, East and West, Gerstel S.E.J.(dir.), Washington, Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2006, p. 222-226.
    120 Ibid., p. 222-223.
    121 Loc.cit.
    122 Loc.cit.
    123 Dujardin C., Croquet J.B., Bourdeau P., op.cit., p. 184-185.
    124 Thiers J.-B., op.cit., p. 43.
    125 Ibid., p. 45.
    126 Loc.cit.
    127 Ibid., p. 43.
    128 Ibid., p. 65.
    129 Ibid., p. 67.
    130 Ibid., p. 83-85. Thiers ne donne pas d’exemple récent de ce type d’événement.
    131 Ibid., p. p. 95-98.
    132 Ibid., p. 182 ; Jung J., « Beyond the Barrier : the Unifiying Role of the Choir Screen in Gothic Chuches », dans The Art Bulletin, t. 82, 2000, n°4, p. 629.
    133 Thiers J.-B., op.cit., p. 95.
    134 Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 47.
    135 Archives de la Cathédrale de Tournai, Fonds des Evêques, anc. 87/4, 1693, texte latin traduit et publié par Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 47-48.
    136 Dupont A., Mariage F., op.cit., p. 48.
    137 Loc.cit.
    138 Le Maistre d’Anstaing, t.I, 1842, p. 357-363, cité dans Ibid., p. 87.
    139 Thiers J.-B., op.cit., p. 106 ; Jung J., op.cit., p. 629. 
    140 Thiers J.-B., op.cit., p. 106-109. Thiers se base sur l’ouvrage intitulé Le Sacre & le couronnement du Roi Henri deuxième de ce nom, imprimé en 1547 par Robert Estienne.
    141 Ibid., p. 109.
    142 Thiers J.-B., Dissertations ecclésiastiques sur les principaux jubés des églises, Paris, Ed. Antoine Dezallier, 1688, p. 90-93.