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Art en général - Moyen Age - Europe - Histoire de l'art Hélène Cambier Du monstre au cétacé Les représentations médiévales de la constellation de la Baleine
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Reporticle : 54 Version : 1 Rédaction : 01/04/2013 Publication : 23/04/2013

La constellation de la Baleine

Le destin que connurent, au Moyen Âge, certains types iconographiques hérités de l’Antiquité, réserve bien des surprises au chercheur qui les étudie. Il en est ainsi de la représentation des constellations, et en particulier de celle de la Baleine, que nous avons étudiée dans le cadre de notre mémoire de Maîtrise (1). Il faut d’abord savoir que ladite constellation n’a pas toujours porté ce nom. Les Grecs la connaissaient sous le nom de κετος (ketos) (2). Dans la littérature, le terme ketos apparaît dans l’Odyssée d’Homère, où il renvoie à un monstre marin sans forme ni dénomination plus précise : « Mais si je continue de longer à la nage et cherche à découvrir la pente d’une grève et des anses de mer, j’ai peur que, revenant me prendre, la bourrasque ne me jette à nouveau dans la mer aux poissons. Ah ! j’aurai beau crier : heureux si l’un des dieux ne m’envoie pas du fond quelqu’un de ces grands monstres (ketoi) que nourrit en troupeaux la fameuse Amphitrite » (3), se lamente Ulysse, abandonné de tous dans une mer déchaînée.

Dans de nombreux récits mythologiques, le ketos accompagne les divinités de la mer (4). Il fait partie de la suite de Poséidon, aux côtés des Tritons et des Néréides. Le monstre est souvent associé à Thétis, fille de Nérée et de Doris. Quelquefois il apparaît comme le féroce instrument de la colère des dieux vis-à-vis des hommes. Ainsi, un ketos fut envoyé par Apollon et Poséidon pour dévorer Hésione, afin de punir le roi Laomédon, père de la jeune fille, qui n’avait pas tenu ses promesses vis-à-vis des dieux. Comme on sait, elle fut heureusement délivrée par Hercule (5). Parallèlement, Andromède échappa au monstre grâce à l’intervention de Persée, alors qu’elle expiait la faute de sa mère, Cassiopée, qui s’était vantée d’être plus belle que les Néréides, au grand dam du dieu de la mer (6). Ce dernier récit nous intéresse particulièrement, puisque selon les légendes stellaires, tous les protagonistes de l’histoire furent envoyés au ciel, métamorphosés à jamais en constellations (7)  : Andromède et Persée, Cassiopée - condamnée à graviter la tête en bas en punition de son orgueil -, Céphée son époux, et enfin le monstre. La légende d’Andromède fut donc liée, à une époque indéterminée, à cinq constellations.

Selon André Le Boeuffle, spécialiste de l’astronomie antique, ces cinq constellations ont toujours porté ces noms mythologiques, au contraire de la plupart des constellations qui furent perçues à l’origine comme des silhouettes d’êtres ou d’objets familiers et identifiées plus tard aux divinités ou aux héros de la mythologie (8). À cet égard, il est difficile de déterminer dans cet ensemble quel est l’élément qui a servi de base au développement du groupe ; le Ketos, environné d’autres constellations « aquatiques » aurait peut-être une origine égyptienne ou babylonienne (9). Vers 270 av. J.-C., Aratos de Soles fournit une des plus anciennes mentions de la constellation du Ketos dans ses Phénomènes, ouvrage présentant le firmament de manière purement poétique (10). Eratosthène (IIIe siècle av. J.-C.) poussa plus loin encore le processus de mythologisation des constellations. Dans ses Catastérismes, œuvre qui inspira Ovide pour ses Fastes et ses Métamorphoses, chaque constellation reçut une signification mythologique. Selon Eratosthène, le Ketos reçut une place au firmament pour rappeler l’exploit de Persée qui le mit à mort (11). La constellation du Ketos fut adoptée, comme l’ensemble des figures de la voûte céleste, par le monde romain, sous le nom de Cetus. Elle apparaît dans les Aratea de Cicéron, ouvrage inspiré des Phénomènes d’Aratos (vers 88 av. J.-C.) (12), dans le De Astronomia d’Hygin (vers 4 av. J.-C.) et dans Les Phénomènes d’Aratos de Germanicus (entre 14 et 19 ap. J.-C.) (13). Manilius, dans son Astronomica (Ier siècle), relate également l’épisode d’Andromède et du monstre marin, dans un récit plein de fougue (14). Pour décrire le cetus, ces différents auteurs utilisent le champ lexical du monstre (belua, monstrum), mais ils le désignent également très souvent par le terme pristis (ou ses déformations pistrix, pistricis, pistris), emprunté au grec πρίστις alors que le terme grec, désignant traditionnellement un monstre marin, une scie ou un squale, n’est jamais employé pour désigner la figure céleste (15). Il est peut-être sage de renoncer pour l’instant à identifier l’espèce désignée par le terme pristis, car les appellations antiques résistent souvent à nos classifications actuelles. Les pistrices figurent dans le catalogue des beluae de Pline, au côté d’autres créatures tant réelles (telles les orques) que fabuleuses (telles les néréides) (16). Plus loin dans cette liste figure d’ailleurs la serra : ce terme peut désigner le poisson-scie mais aussi un poisson volant fabuleux cité dans le Physiologus (17), montrant ainsi une fois de plus le caractère vain de toute catégorisation trop stricte dans l’étude de ce vocabulaire marin.

Coffret dit de Projecta. Rome, IVe siècle. Londres, British Museum.
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Coffret dit de Projecta. Londres, British Museum.
Paysage avec la légende de Persée et Andromède, fin du Ier siècle av. J.-C., fresque provenant de la villa impériale de Boscotrecase, 159x118 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art.
Photographie New York, The Metropolitan Museum of Art.Fermer
Paysage avec la légende de Persée et Andromède, fresque provenant de la villa impériale de Boscotrecase. New York, The Metropolitan Museum of Art.

Le ketos/cetus, créature féroce, compagnon des dieux, avait donc acquis une existence propre dans la mythologie et l’astronomie. Il est difficile de savoir si les auteurs mentionnant le cetus se le représentaient de manière précise ; très peu en ont fourni une description. Quoi qu’il en soit, dans l’iconographie, le monstre semble avoir acquis progressivement une apparence plus ou moins bien reconnaissable, même s’il n’eut jamais une forme canonique. Les premiers ceti représentés avec des scènes issues des légendes d’Andromède ou d’Hésione apparaissent sur des amphores corinthiennes au début du VIe siècle av. J.-C (18). Le monstre a généralement un corps serpentiforme, une queue et des nageoires de poisson, une tête voire des pattes de lion. Vers 500-480, apparaît le « type classique » (19) du cetus, que l’on retrouvera dans les manuscrits médiévaux. Le corps du monstre se développe alors en deux parties distinctes : un avant-corps au poitrail massif doté de deux pattes de lion ou de nageoires, et une longue queue terminée par une nageoire bi- ou tripartite. Le cetus a un long museau pointu et des oreilles chevalines, voire cornues ; une crête hérissée et des dents acérées accentuent son caractère monstrueux. Il ne peut être confondu avec les chevaux marins et autres hippocampes, caractérisés par une tête et des pattes chevalines. La créature est représentée sur des supports variés (reliefs, céramiques, intailles, etc.), associée à des épisodes mythologiques ou bien isolée, acquérant alors un rôle décoratif voire apotropaïque. L’association du cetus aux divinités marines et aux putti assura au monstre une longue vie dans l’art gréco-romain. Le cetus apparaît fréquemment au sein de thiases marins, où il accompagne Poséidon, Amphitrite, Eros, les Tritons ou les Néréides (fig. 1). Il figure souvent sur les sarcophages romains (20), au sein de frises décoratives, environné de putti ou apparaissant dans des cortèges marins aux côtés de Téthys et Océanos, dieux des Océans. Les scènes marines associant des ceti aux divinités marines sont récurrentes dans les mosaïques et fresques romaines (21). Des exemplaires fameux sont conservés en Afrique du Nord ou en Syrie. Le cetus apparaît également dans de superbes peintures murales évoquant la légende d’Andromède, à Pompéi notamment, où la silhouette effrayante du monstre émerge des flots et menace la princesse enchaînée à un rocher (fig. 2). On imagine volontiers les auteurs puisant leur inspiration dans de telles fresques pour composer leurs ekphrasis, tels Achille Tatius (IIe siècle) pour sa description d’un tableau du temple de Zeus à Péluse, où était représentée Andromède enchaînée face au monstre marin couvert d’écailles et d’épines, émergeant des flots la mâchoire large et menaçante (22). Philostrate le Jeune (IIIe siècle) consacre également un passage de ses Images à la description du monstre légendaire : la créature au corps tortueux et gigantesque, à la gueule effilée garnie de pointes et de dents acérées, soulevait les flots de sa queue colorée et éclatante, grande comme la voile d’un navire (23).

Globe Farnèse, IIe siècle. Naples, Museo Archeologico Nazionale.
Photographie Dr. Gerry Picus.Fermer
Globe Farnèse. Naples, Museo Archeologico Nazionale.

Le célèbre globe Farnèse (copie romaine du IIe siècle réalisée à partir d’un original grec) témoigne quant à lui de l’iconographie de la constellation du monstre marin. Le cetus est parfaitement reconnaissable parmi les autres constellations (fig. 3) : avant-corps chevalin pourvu de deux petites palmes, longue queue enroulée, museau long et pointu, oreilles effilées. Les auteurs d’ouvrages astronomiques se référaient certainement à de telles représentations de la voûte céleste pour décrire les constellations et leur position. Dans leurs textes, l’apparence du monstre est rarement détaillée avec précision. C’est un monstre « hostile » et « obscur » (24), qui même au firmament, menace Andromède sans relâche ; une créature hybride géante, couverte d’écailles, pourvue d’une crête et d’une longue queue enroulée en une infinité de replis immenses (25), toujours aux aguets pour atteindre Andromède (26).

Constellation du Cetus. Germanicus, Phénomènes d’Aratos. Ms. Leyde, Universiteitsbibliotheek, Voss. Lat. Q. 79, folio 66v. (Lotharingie, deuxième quart du IXe siècle).
Photographie Leyde, Universiteitsbibliotheek.Fermer
Constellation du Cetus. Germanicus, Phénomènes d’Aratos. Ms. Leyde, Universiteitsbibliotheek, Voss. Lat. Q. 79, folio 66v.
Constellation du Cetus. Cicéron, Aratea. Ms. Londres, British Library, Harley 647, folio 10 (Reims, IXe siècle).
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Constellation du Cetus. Cicéron, Aratea. Ms. Londres, British Library, Harley 647, folio 10.

Par ailleurs, plusieurs manuscrits carolingiens, copiés d’après des traités astronomiques de la fin de l’Antiquité (27), reflètent l’iconographie antique de la constellation du Cetus. Ainsi, le manuscrit des Phénomènes d’Aratos de Germanicus, conservé à Leyde, fut copié dans le second quart du IXe siècle d’après un modèle de l’Antiquité tardive : ses illustrations, encadrées d’un bord rouge, sont caractéristiques du style du IVe siècle (28). Le cetus peint au folio 66v est en effet proche des modèles antiques (fig. 4). Contrairement à la plupart des représentations de la constellation, le monstre tourne la tête vers l’arrière. Le traité astronomique conservé à la Bibliothèque Nationale de Madrid, daté vers 840, est la copie d’un manuscrit élaboré à Aix-la-Chapelle en 810, à l’instigation de Charlemagne (29). Le cetus peint au folio 61 étale les ondulations de son corps serpentiforme sur la surface du parchemin, à la manière de ses proches parents antiques (30). Un exemplaire des Aratea de Cicéron, conservé à la British Library, copié à Reims au IXe siècle sur un original du IVe siècle (31), contient une autre représentation, grandiose, du cetus (fig. 5). Ses pattes griffues, son regard féroce et ses cornes pointues renforcent son aspect malfaisant. Comme dans les autres peintures de constellations de ce manuscrit, son corps est formé par un texte en capitalis rustica provenant d’Hygin, fournissant ainsi de brèves explications mythologiques, qui manquent dans le texte des Aratea de Cicéron transcrit en-dessous de la figure. Notons par ailleurs que le type antique du cetus fut utilisé par les artistes carolingiens comme figure ornementale. Ainsi, deux ceti ornent le fronton qui surmonte une des tables de canons des Evangiles de Loisel, conservés à la Bibliothèque nationale de France (32). L’apparence du cetus a sans doute inspiré celle d’autres monstres marins, comme le Léviathan de la miniature accompagnant le Psaume 103 du Psautier d’Utrecht (33). Ceci dit, tous les traités astronomiques carolingiens ne furent pas directement copiés à partir de modèles antiques : de nombreuses illustrations s’éloignent des formes classiques. Ainsi, dans les Chroniques de Saint-Denis, datées du IXe siècle (34), le cetus a une silhouette courte et trapue, sans les appendices pointus habituels.

Constellation du Cetus. Miscellanées d’astronomie. Ms. Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 123, folio 201v (Ripoll, 1056).
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Constellation du Cetus. Miscellanées d’astronomie. Ms. Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 123, folio 201v.
Constellation d’Andromède. Miscellanées d’astronomie. Ms. Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 123, folio 192v (Ripoll, 1056).
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Constellation d’Andromède. Miscellanées d’astronomie. Ms. Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 123, folio 192v.

Le cetus de type classique apparaît dans les manuscrits astronomiques durant toute la période médiévale, représenté généralement d’une manière plus schématique que dans les prestigieux manuscrits cités précédemment, mais toujours reconnaissable par sa tête canine, parfois allongée en forme de bec, ses longues oreilles pointues, son avant-corps pourvu de deux pattes de lion ou deux larges nageoires et sa longue queue enroulée (Fig. 6). Un monstrueux cetus au corps poilu, à la tête épaisse et aux oreilles semblables à des cornes, figure parmi les constellations peintes dans le célèbre Liber Floridus, ouvrage copié et illustré par le chanoine Lambert de Saint-Omer (35). Dans d’autres manuscrits, les nageoires de la créature ont été transformées en ailes par le peintre, tandis que dans des images plus tardives, le cetus prend l’apparence d’un dragon ailé, doté de deux pattes griffues et d’une longue queue enroulée (36). Par ailleurs, le cetus est quelquefois associé d’une manière étonnante à la représentation de la constellation d’Andromède : dans certaines miniatures en effet, la princesse est figurée « terrassant le dragon », c’est-à-dire foulant aux pieds un cetus-serpent (fig. 7). Ces illustrations sont sans aucun doute influencées par l’iconographie médiévale du héros victorieux sur le monstre, symbole de la victoire du bien sur le mal.

Constellation du Cetus. De ratione spherae. Ms. Oxford, Bodleian Library, Digby 83, folio 65v (Angleterre, milieu du XIIe siècle).
Photographie Oxford, Bodleian Library.Fermer
Constellation du Cetus. De ratione spherae. Ms. Oxford, Bodleian Library, Digby 83, folio 65v.
Constellation du Cetus. Sagra di San Michele (Piémont), Portail du Zodiaque, vers 1130-1140.
Photographie Jean-Claude Vinourd.Fermer
Constellation du Cetus. Sagra di San Michele (Piémont), Portail du Zodiaque.

La constellation du Cetus fut figurée également sous la forme d’un poisson, apparence radicalement différente de celle de l’antique cetus rencontrée jusqu’ici. Elle apparaît ainsi dans l’Aratus révisé de Munich, copié entre le IXe et le XIe siècle, mais dont la datation des miniatures, peut-être plus tardives, est incertaine (37). Le cetus-poisson figure aussi dans deux exemplaires illustrés du traité De Opusculum de ratione spherae, compendium d’astronomie rédigé en Angleterre au début du XIIe siècle (fig. 8) (38). Les miniatures de ces manuscrits se distinguent par leur interprétation des modèles antiques : les représentations des constellations sont délicieusement animées par le souffle de l’art roman. En outre, un autre exemplaire illustré du De Opusculum a dû être amené en Italie où il servit de modèle au sculpteur de la Porte dite du Zodiaque de la Sagra di San Michele, dans le Piémont (39). Ce portail, sculpté vers 1130-1140, est orné de figures du Zodiaque et de constellations. Le Cetus, accompagné de l’inscription CETVS et représenté sous le Centaure astral (40), est fort semblable à ceux figurant dans les manuscrits d’Oxford, représentés comme des poissons à l’aspect monstrueux pourvus d’excroissances cornues (fig. 9). Les autres constellations du portail, de même que leur ordre d’apparition, correspondent également aux manuscrits d’Oxford (41). Cette relation souligne l’importance des manuscrits astronomiques comme vecteur de transmission des formes antiques dans l’art médiéval. Manuel Castiñeiras avait déjà remarqué que le manuscrit astronomique du moine Oliva, réalisé à Ripoll vers 1055 (Codex Vat. Reg. Lat. 123) a sans aucun doute servi de modèle aux concepteurs de la Broderie de la Création de Gérone et des mosaïques de pavement du chœur de l’église Santa Maria de Ripoll (42).

Constellation du Cetus. Michael Scot, Liber Introductorius. Ms. Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 10268, folio 82v (Italie, XIVe siècle).
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Constellation du Cetus. Michael Scot, Liber Introductorius. Ms. Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 10268, folio 82v.

La constellation du Cetus représentée comme un gros poisson apparaît encore dans le Liber astrologiae de Georgius Zothorus, chef-d’œuvre de l’enluminure sicilienne de la première moitié du XIIIe siècle, mais assez éloigné de la tradition des manuscrits astronomiques évoquée jusqu’ici (43). Le monstre marin est également représenté comme un poisson dans les manuscrits du Liber Introductorius, manuel d’astronomie et d’astrologie rédigé entre 1228 et 1234 par Michael Scot, alors astrologue à la cour de Frédéric II de Hohenstaufen (44). Le manuscrit original n’est pas conservé, mais de nombreuses copies et traductions subsistent. Michael Scot fournit une explication à la représentation du cetus en tant que poisson, puisque l’auteur du Liber semble assimiler le cetus à une baleine, la baleine étant considérée au Moyen Âge comme un grand poisson. En effet, dans la notice consacrée à la constellation du Cetus, au folio 82v, il ajoute la mention « cetus, id est balena ». L’image du poisson correspond donc bien au texte qu’elle accompagne (fig. 10) (45). L’assimilation du cetus à la baleine est attestée également par l’auteur anonyme du traité astronomique connu sous le titre L’Introductoire d’astronomie (une des premières traductions françaises d’un traité astronomique, rédigée vers 1270) (46), qui mentionne la constellation de la Balaine.

Par rapport au nombre de manuscrits astronomiques médiévaux conservés, les représentations de la constellation du Cetus sous la forme d’un poisson sont finalement peu courantes. Elles ne remplacent pas la figuration du cetus en tant que monstre hybride, les deux types de représentation ayant cohabité. Le cetus-poisson apparaît dans quelques manuscrits de compilations astronomiques médiévales, ainsi que dans les manuscrits du Liber Introductorius de Michael Scot. Ce dernier texte témoigne en outre de l’assimilation du cetus à une baleine. Cette assimilation reste valable aujourd’hui, puisque nous connaissons la constellation du Cetus sous le nom de constellation de la Baleine. La désignation latine reste par contre usitée dans la langue anglaise, de même que le terme grec ketos est à l’origine des noms (arabes) donnés actuellement aux étoiles qui composent la constellation.

Pour expliquer la représentation de la constellation du Cetus comme poisson et son association à la baleine, si éloignée du monstre-dragon que l’on associe volontiers à la légende d’Andromède, il est nécessaire de retourner à l’Antiquité et au sens même du terme ketos. À côté de sa dimension mythologique, le terme ketos, qui a donné cetus en latin, était également associé à l’histoire naturelle : Aristote l’emploie pour désigner l’espèce des cétacés (47), la baleine étant désigné par φαλλαινα (en latin ballaena ou ballena). Chez d’autres auteurs, les termes sont souvent interchangeables, cetus et ballenae ne s’appliquant pas à une espèce bien définie. Cetus désignait tous les poissons de taille jugée monstrueuse, tels que les cétacés, les squales et même les thons (48). Bien sûr, la baleine et les autres cétacés, rares en Méditerranée, n’étaient guère familiers aux Anciens : dans les textes, ils sont souvent présentés à la frontière de la réalité et de la légende (49). D’où la confusion régnant entre les termes cetus et balena, désignant tous deux un animal monstrueux. Il n’est pas impossible que la constellation du Cetus ait été représentée comme un poisson durant l’Antiquité (50), mais il est peu probable qu’une représentation de cette sorte ait servi de modèle à un artiste médiéval, au vu du type de représentation du monstre durant les derniers siècles de l’Antiquité. Nous pensons que la représentation de la constellation du Cetus comme poisson apparaît au Moyen Âge.

Il règne alors la même confusion entre les termes cetus et balena, l’emploi d’un terme ou de l’autre dépendant de la nature des textes. Différentes traditions textuelles montrent que le cetus, apparaissant dans les textes les plus anciens comme un monstre marin indéfini, est progressivement assimilé à la baleine, c’est-à-dire, pour l’homme médiéval, un poisson monstrueux par sa taille démesurée. Ainsi, l’assimilation du ketos/cetus à la baleine se produit dans d’autres traditions textuelles que celle des manuscrits astronomiques. La bête marine la plus célèbre est sans aucun doute le grand poisson du Livre de Jonas (dāg gādōl en hébreu, piscem grandem dans la Vulgate (51) ), qui devient un ketos dans la version grecque des Septante (52) et dans l’Evangile de Matthieu (Matthieu 12, 40 ; cetus dans la Vulgate). Ce grand poisson-cetus fut assimilé à la baleine : l’identification est attestée à partir du XIe siècle dans la littérature vernaculaire. En témoigne la Chanson de Roland (vers 1090), qui fait allusion à la baleine de Jonas dans la prière de Charlemagne (53). Dans les textes religieux, le terme balena n’est à notre connaissance jamais utilisé pour désigner le grand poisson de Jonas, les auteurs préférant le terme cetus, consacré par la Vulgate et les commentaires des Pères de l’Eglise. La place importante de l’histoire de Jonas dans l’exégèse chrétienne et par là, la récurrence du terme cetus associé à la baleine de Jonas contribuèrent à associer définitivement le cetus à la baleine.

Il est également question d’un ketos dans le Physiologus, ouvrage rédigé en grec à Alexandrie au IIe siècle. Ce texte, extrêmement répandu au Moyen Âge sous forme de traductions et adaptations diverses (54), rapporte les natures d’un étrange monstre marin (ketos), l’aspidochelone (l’« aspic-tortue ») (en latin aspido testudo), qui trompe les marins en prenant l’apparence d’une île (55). Le Physiologus ne livre aucune description de ce monstre, et dans la plupart des traductions et versions ultérieures du texte, la créature est assimilée à un grand poisson (56). L’appellation originelle du monstre, aspidochelone, ne renvoyant à rien de connu, devient progressivement un détail insignifiant. Dans un des plus anciens manuscrits du Physiologus Theobaldi conservés (57), la mention de l’aspidochelone n’apparaît plus, les natures du monstre étant rapportées sous le titre De Balena. Plusieurs manuscrits du Bestiaire, ouvrage développé par ajouts successifs au texte du Physiologus, intitulent « de balena » la notice consacrée au cetus, cetus apparaissant dans le corps du texte (58). Dans les Bestiaires en ancien français, le terme aspidochelone n’apparaît plus, les auteurs conservant les termes cètes ou baleine. Cète et baleine semblent désigner la même chose, même si certains auteurs hésitent sur ce point (59). Ainsi, à nouveau, le ketos, monstre marin hybride dans les premières versions du Physiologus, est devenu une baleine au gré des traductions.

La Baleine. Bestiaire. Ms. Oxford, Bodleian Library, Ashmole 1511, folio 86v (Angleterre, vers 1200-1210)
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La Baleine. Bestiaire. Ms. Oxford, Bodleian Library, Ashmole 1511, folio 86v.

Il en va de même dans l’iconographie. Dans l’art paléochrétien (fresques, mosaïques, sarcophages, objets mobiliers), le monstre de Jonas est figuré sous la forme de l’antique cetus, rappelant l’iconographie païenne des sarcophages. Quand les représentations du petit prophète se multiplient en Occident, à partir des XIe-XIIe siècles, le cetus de Jonas apparaît sous la forme d’un grand poisson (60). Parmi les manuscrits du Physiologus conservés, l’aspidochelone n’apparaît qu’une seule fois sous la forme du cetus antique (tête canine au museau pointu, oreilles cornues, pattes de lion, queue serpentiforme) : dans le Smyrneus B.8, exemplaire de luxe du Physiologus grec réalisé à Constantinople et remontant à la fin du XIe siècle (61). Dans les autres manuscrits du Physiologus et dans les Bestiaires, le cetus est représenté sous la forme d’un grand poisson et ce, dès la plus ancienne version latine du Physiologus illustrée conservée, le codex 318 de Berne, copié à Reims dans le second quart du IXe siècle (62). Dans l’illustration des Physiologi et des Bestiaires ou dans l’iconographie de Jonas, le cetus est donc représenté sous la forme d’un grand poisson, c’est-à-dire, d’une « baleine » (fig. 11). Evidemment, la baleine n’est pas représentée de manière réaliste ; ce n’est pas la préoccupation des artistes, qui, par ailleurs, n’ont sans doute jamais vu cette bête. Présentée dans les textes comme un poisson monstrueux, elle est représentée comme tel. Généralement représentée comme un simple poisson, la baleine est souvent hérissée de nageoires pointues, de cornes, de dents, la morphologie des créatures monstrueuses se marquant « par une pluralité sans harmonie » (63).

Parallèlement au cetus-baleine de Jonas et au cetus-baleine des Bestiaires, il n’est donc pas étonnant que la constellation du Cetus ait été elle aussi assimilée à une baleine et représentée comme un poisson. D’autant plus que dans les traités astronomiques, la légende d’Andromède à l’origine des constellations n’est que brièvement voire pas du tout mentionnée. Le cetus, dans l’esprit de l’homme médiéval évoque d’abord le cetus de Jonas, le poisson gigantesque, la baleine. Ainsi pouvons-nous trouver dans certains manuscrits astronomiques l’appellation balena, puis baleine, pour la constellation qui était, à l’origine, celle du Ketos, le monstre marin.

Persée combat le monstre. Ovide, Métamorphoses. Ms. Lyon, Bibliothèque Municipale, 742, folio 81v (France, vers 1385).
Photographie Base Enluminures, CNRS.Fermer
Persée combat le monstre. Ovide, Métamorphoses. Ms. Lyon, Bibliothèque Municipale, 742, folio 81v.

Le monstre d’Andromède ne connaît pareille transformation que dans les textes de nature astronomique. Les autres textes rapportant la légende, tels que les adaptations des Métamorphoses d’Ovide, le désignent d’ailleurs la plupart du temps sous le nom de belua ou monstrum, et non celui de cetus. Christine de Pizan, par exemple, parle d’une bellue, d’un « dragon des mers » dans l’Epître d’Othéa (64). Dans ces manuscrits, le monstre marin est généralement représenté comme un petit dragon, que Persée s’apprête à abattre (fig. 12). L’on retrouve ici l’image-type bien connue de la figure du héros terrassant le dragon. Au contraire, dans certains manuscrits d’astronomie, désignant le monstre d’Andromède par le terme cetus, la créature fut représentée comme un grand poisson, puisque c’est ainsi que le cetus était considéré au Moyen Âge.

Notes

NuméroNote
1Cambier H., Cetus, Lacovie, Aspidochelone? La Baleine au Moyen Âge. Traditions textuelles et iconographiques, mémoire de maîtrise présenté sous la direction de Leclercq-Marx J., Université Libre de Bruxelles, 2009.
2Voir Boardman J., « Ketos », in Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae, Zürich-Düsseldorf, Artemis, 1997, vol. 8, 1, p. 731-736; vol. 8, 2, p. 496-501.
3Homère, Odyssée, 5, 421 (éd. et trad. Bérard V., Paris, Les Belles Lettres, 2001, p. 215).
4Voir Boardman J., op. cit.
5Voir entre autres Pseudo-Apollodore, Bibliothèque, II, 5, 9 (trad. Carrière J.-Cl., Paris, Les Belles Lettres, 1991).
6Euripide, Andromède, frag. 36 (éd. et trad. Bubel F., Stuttgart, 1991, p. 80); Pseudo-Apollodore, Bibliothèque, II, 4, 3-5 (trad. Carrière J.-Cl., Paris, Les Belles Lettres, 1991).
7Gundel W., « Ketos », in Pauly A., Wissowa G., Real Encyclopädie der classischen Altertumwissenschaft, Stuttgart, 1921, t. 3, col. 364-372.
8Le Boeuffle A., Les noms latins d’astres et de constellations, Paris, Les Belles Lettres, 1977, p. 125-128.
9Ibid., p. 79, 127.
10Aratos, Phénomènes, éd. et trad. Martin J., C.U.F., 1998.
11Eratosthène, Catastérismes, 36 (éd. Pàmias J., Geus K., Oberhaid, Utopica, 2007).
12Cicéron, Aratea, 140 (éd. et trad. Soubiran J., C.U.F., 1972, p. 174-175).
13Hygin, L’astronomie, 2, 31 (éd. et trad. Le Boeuffle A., C.U.F, 1983, p. 73) ; Germanicus, Les phénomènes d’Aratos, 357 (éd. et trad. Le Boeuffle A., C.U.F, 1975, p. 23).
14Manilius, Astronomica, V, v. 520-570 (éd. et trad. Goold G. P., Loeb, 1977, p. 346-348).
15Voir Cotte H. J., Poissons et animaux aquatiques au temps de Pline, commentaires sur le livre IX de l’Histoire naturelle de Pline, Gap, Louis Jean, 1944 ; et aussi De Saint-Denis E., Le vocabulaire des animaux marins en latin classique, Paris, Klincksieck, 1947.
16Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, 32, 144 (éd. et trad. De Saint-Denis E., C.U.F., 1955, p. 71).
17Voir à propos de la serre Mc Culloch F., Medieval Latin and French Bestiaries, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1960, p. 163-165. Leclercq-Marx J., « Drôles d’oiseaux. Le caladre, le phénix, la sirène, le griffon et la serre dans lePhysiologus, les Bestiaires et les encyclopédies du XIIIe siècle. Mise en perspective », in Actes du 32e Colloque du CUER MA, Déduits d’oiseaux au Moyen Âge (dir. Connochie-Bourgne Ch.), Aix-en-Provence, mars 2007, Sénéfiance, 54, 2009, p. 163-178.
18Pour l’iconographie du ketos/cetus, voir Boardman J., op. cit., et du même, « Very Like a Whale – Classical Sea Monster », in Farkas A. E. et al., Monsters and Demons in the Ancient and Medieval World, papers presented in honor of Edith Porada, Mayence, 1987, p. 73-84. Voir aussi Shepard K., The Fish-Tailed Monster in Greek and Etruscan Art, New York, 1940; Baeijens V., L’évolution iconographique du Kétos, de l’art grec à l’art paléochrétien, mémoire de licence, Université Libre de Bruxelles, 2006.
19Boardman J., « Ketos », in LIMC, vol. 8, p. 732.
20Rumpf A., Die Meerwesen auf antiken Sarkophag-reliefs, in Robert C., Die antiken Sarkophag-reliefs, 5. 1, Rome, L’Erma, 1969 (réimp. éd. Berlin, 1897).
21Levi D., Antioch Mosaic Pavements, Londres, 1947; Amedick R., « Die Schöne, das Seeungeheuer und der Held. Antike Bildbeschreibungen und die Ikonographie mythologischer Bilder », in Antike Welt, 33, 2002, p. 527-538.
22Achille Tatius, Leucippe et Clitophon, III, 4-9 (éd. et trad. Garnaud J.-P., C.U.F., 1991, p. 81-82).
23Amedick R., op. cit., p. 534.
24Aratos, Phénomènes, 357, 399 (éd. et trad. Martin J., C.U.F., p. 21, 23).
25Manilius, Astronomica, V, 15, 584-585 (éd. et trad. Goold G. P., Loeb, p. 300, 347).
26Cicéron, Aratea, 140 (éd. et trad. Soubiran J., C.U.F., p. 174-175).
27Saxl F., Verzeichnis astrologischer und mythologischer illustrierter Handschriften des lateinischen Mittelalters in römischen Bibliotheken, Heidelberg, Carl Winter, 1915.
28Leyde, Universiteitsbibliotheek, ms. Voss. Lat. Q. 79 (Lotharingie, deuxième quart du IXe siècle). Voir Von Euw A. (éd.), Aratea: Faksimileband, Ms. Voss. Lat. Q. 79, Lucerne, Faksimile Verlag, 1987.
29Madrid, Biblioteca Nacional, Codex 3307, folio 61 (Metz, vers 840). Pour ce manuscrits, voir Mütherich F., Karolingische Buchmalerei, Munich, Prestel, 1976.
30Un cetus tout à fait comparable figure sur un vase apuléen du IVe siècle av. J.-C. conservé au Musée archéologique de Naples, où est représenté Persée combattant le monstre. Illustration reproduite dans Boardman J., « Very Like a Whale…, pl. XXII, fig. 3.
31 Londres, British Library, ms. Harley 647, folio 10. Voir Saxl F., Verzeichnis astrologischer und mythologischer illustrierter Handschriften des lateinischen Mittelalters. Handschriften in englischen Bibliotheken, Heidelberg, Carl Winter, 1953.
32Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 17968, folio 10v (Reims, IXe siècle).
33Utrecht, Universiteitsbibliotheek, ms. 32, folio 59v (Reims, IXe siècle).
34Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. Lat. 309, folio 98r.
35Gand, Universiteitsbibliotheek, manuscrit 92, folio 91 (Saint-Omer, vers 1120).
36Voir entre autres les manuscrits Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek 18.16.40, f. 18v (Allemagne, XIIe s.) et Florence, Bibliotheca Medicea Laurenziana, Plut. 89 sup. 43, f. 43r (Florence, XVe s.).
37Munich, Bayerische Staatsbibliothek, ms. clm 560 (Allemagne, IXe-XIe siècle).
38Oxford, Bodleian Library, ms. Bodl. 614, folio 33v (Angleterre, début du XIIe siècle) ; Oxford, Bodleian Library, ms. Digby 83, folio 65v (Angleterre, début du XIIe siècle). Voir aussi le cetus-poisson au folio 63v du manuscrit Durham, Dean and Chapter Library, Hunter 100 (Angleterre, v. 1120). Ce dernier manuscrit contient le De signis caeli du Pseudo-Bède et ses illustrations sont à placer dans le sillage du cycle du De Opusculum. À propos de ces manuscrits, voir Blume D., Sternbilder des Mittelalters, Berlin, Akademie Verlag, 2012, vol. 1, p. 128 et suiv.
39Lomartire S., « Testo e immagine nella Porta dello Zodiaco », dans : Dal Piemonte all’Europa. Esperienze monastiche nella società medievale. Atti del 34. Congresso storico subalpino nel millenario di S. Michele della Chiusa, Turin, 1988, p. 431-474.
40Voir à ce sujet Leclercq-Marx J., « Le Centaure dans l’art préroman et roman. Sources d’inspiration et modes de transmission », in Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 37, 2006, p. 33-42.
41Lomartire S., op. cit. L’auteur a noté un autre indice de cette relation sur le portail : exceptionnellement, l’inscription PISTRIX – qui désigne normalement le Cetus, comme nous l’avons vu - accompagne la représentation de la constellation d’Argo (le Navire). Or, dans les manuscrits d’Oxford, le copiste a inséré au début de la notice sur Argo un passage de la notice sur le Pistrix (cetus).
42Castiñeiras M., « Ripoll et Gérone : deux exemples privilégiés du dialogue entre l’art roman et la culture classique », in Les Cahiers de Saint-Michel de Cuxa, 39, 2008, p. 161-180.
43Paris, Bibliothèque Nationale de France, ms. lat. 7330, folio 7. Voir Gousset M.-T., Verdet J.-P., Liber astrologiae de Georgius Zothorus, Paris, Herscher, 1989.
44Bauer U., Der Liber Introductorius des Michael Scotus in der Abschrift Clm 10268 der Bayerischen Staatsbibliothek München, Munich, Tuduv, 1983.
45Dans les manuscrits de la version allemande du Liber Introductorius datés du XVe siècle, le Cetus est représenté dans un médaillon au côté de la constellation de l’Eridan (entre autres Salzburg, Universitätsbibliothek, ms. M. II 180, folio 123v). Ce rapprochement des deux constellations a donné naissance, dans quelques manuscrits, à une image surprenante, où Eridan est figuré assis sur le dos du Cetus (entre autres Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, ms. 29.14. Aug. Q, folio 37).
46Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 613. Dörr S., Der älteste Astronomietraktat in französischer Sprache : L’Introductoire d’astronomie, Tübingen, Niemeyer, 1998.
47Aristote, Histoire des Animaux, 566 b 2 (éd. et trad. Louis P., C.U.F., 1968). Partie des Animaux, 669 a 8, 697 a 17 (éd. et trad. Louis P., C.U.F., 1956).
48Voir Cotte H. J., op. cit. ; et De Saint-Denis E., op. cit.
49Voir entre autres Pline l’Ancien, Histoire naturelle IX (éd. et trad. de Saint-Denis E., C.U.F., 1955).
50Dans une scène de la légende de Persée et Andromède figurée sur une hydrie campanienne conservée à Berlin (voir ill. dans LIMC, vol. 1, 2, pl. 627), le ketos apparaît comme un gros poisson. Ce type paraît tout à fait exceptionnel.
51Biblia sacra iuxta Vulgatam versionem, éd. Weber R., Stuttgart, Württembergische Bibelanstalt, 1969.
52La Septante, éd. Rahlfs A., dans Septuaginta id est Vetus Testamentum graece iuxta LXX interpretes, Stuttgart, Privilegierte Württembergische Bibelanstalt, 1970 (réimp. anast. éd. 1962).
53Chanson de Roland, laisse CCXXVI, éd. Mortier R., in Les Textes de la Chanson de Roland I (Manuscrit d'Oxford), Paris, 1940.
54Voir Henkel N., Studien zum Physiologus im Mittelalter, Tübingen, Niemeyer, 1976.
55Voir Zücker A., Physiologos. Le Bestiaire des bestiaires, Grenoble, J. Millon, p. 132-133.
56Voir par ex. la notice au folio 16 du Physiologus de Berne (Berne, Bürgerbibliothek, Codex 318). Homburger O., von Steiger C., Physiologus Bernensis. Voll-Faksimile-Ausgabe des Codex Borgensarius 318 der Bürgerbibliothek Bern, Bâle, 1964.
57Londres, British Library, ms. Harley 3093 (XIe siècle). Éd. et trad. angl. Eden P. T., Theobaldi Physiologus, Leyde, Brill, 1972.
58Voir par ex. le Bestiaire d’Oxford (Oxford, Bodleian Library, ms. Ashmole 1511, folio 86v. Angleterre, vers 1200).
59Brunetto Latini, Li Livres dou Tresor, 132 (éd. Carmody F., Los Angeles, 1948, p. 129).
60Pour l’iconographie de Jonas, voir Durozoy A.-S., Jonas au Moyen Âge. Etude de l’iconographie et de la théologie de Jonas du XIIe au XVe siècle. Thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe de l’Ecole des Chartes, 2004.
61Disparu dans l’incendie de la Bibliothèque de l’École évangélique de Smyrne en 1922. Voir Bernabo M., Il Fisiologo di Smirne, Florence, Sismel, 1998.
62Voir note 56.
63C. Ferlampin-Acher, Fées, bestes et luitons. Croyances et Merveilles, Paris, 2002, p. 292.
64Christine de Pizan, Epître d’Othéa, dans Cerquiglini J., Basso H., Lettre d’Othéa, déesse de Prudence, à un jeune chevalier, Hector, Paris, P.U.F., 2008.