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Reporticle : 232 Version : 1 Rédaction : 01/02/2017 Publication : 24/07/2018

Manneken Pis

L’un des attraits de Bruxelles est sans nul doute Manneken Pis ou le ketje, un tout petit bonhomme nu, en bronze, urinant à la vue des passants et des touristes, au coin de la rue de l’Etuve et de la rue du Chêne, à deux pas de la Grand Place au centre de la ville. « Mais il est tout petit ! » est une phrase souvent prononcée lors de la première rencontre avec ce symbole bruxellois. Autant sa renommée est grande, autant la statue est petite. En effet, ses mensurations actuelles sont d’environ 55 cm pour 17kg. Il s’agit d’une statue creuse, en bronze coulé, réalisée par la technique de la cire perdue.

Fontaines et réseau d'eau
Au XIIIème siècle, les autorités bruxelloises ont décidé d’aménager un réseau de distribution d’eau au sein de la ville. Pour ce faire, de nombreuses fontaines publiques ont ainsi été placées afin de pouvoir approvisionner la population en eau potable. Les points d’approvisionnement d’eau, dont Manneken Pis, ont rempli leur rôle de fontaines publiques jusqu’à la moitié du XIXème siècle. A cette période, la ville de Bruxelles commence à offrir un réseau de distribution d’eau à domicile et les fontaines disparaissent peu à peu du paysage bruxellois. Manneken Pis, grâce à sa notoriété, parvient à échapper à ce démantèlement et devient une fontaine ornementale en 1851.
Monument de la fontaine
En 1770, l’aménagement autour de Manneken Pis se modifie. Il quitte sa colonne et son double bassin pour un monument beaucoup trop grand et imposant pour la statue. Celui-ci est de style Rococo (ou rocaille) avec une balustrade de part et d’autre de la sculpture. Ce type de composition est constitué notamment de coquillages et de volutes, dont le résultat semble imiter une grotte ou un rocher. A l’origine, cet ensemble servait de fontaine publique à l’église Notre-Dame de la Chapelle. Il a été démonté pour des travaux mais il a finalement été remplacé par une autre structure à la fin de ceux-ci. Plutôt que de s’en débarrasser, les blocs de la fontaine démontée ont donc été destinés à accueillir Manneken Pis qui a été placé dans la niche de cet ensemble.
Statue originale
La statue originale en bronze est à l’abri, au Musée de la Ville de Bruxelles, situé sur la Grand’Place. Lors de son dernier vol en 1965, la statue avait été brisée en deux et seuls les pieds et le socle étaient restés sur place. Le corps a été repêché dans le canal de Bruxelles-Charleroi, un an après. Depuis, les deux fragments sont conservés au Musée et il a fallu attendre 2003 pour que la sculpture originale soit restaurée. De cette façon, non seulement la statue est protégée mais elle est aussi présentée de telle manière que le visiteur peut la voir de très près et que le tour complet peut en être fait, ce qui n’est pas le cas dans sa présentation en rue.
Copies
A l’époque de la réalisation de la statue de Manneken Pis, les copies étaient monnaie courante. Cependant, cette pratique a perduré et continue encore actuellement, même si toutes ces copies de dimensions similaires ne sont pas toutes destinées à devenir des fontaines. Pour en rester à l’exemple de Manneken Pis, une copie a été faite en laiton par Jacques Vanden Broeck en 1630 ou encore une copie en faïence, attribuée à la manufacture Mombaers (XVIIIème siècle). Des copies de Manneken Pis ont également été réalisées pour d’autres villes belges comme Grammont (1745) et plus récemment Coxyde mais aussi pour d’autres pays comme la France (Colmar, Poitiers et Moux), l’Espagne (Llança) et le Japon (Tokyo, Kobe et Ossaka).
Légendes
Nous ne savons rien de l’origine exacte de Manneken Pis bien qu’il soit considéré comme le plus fidèle habitant et le plus ancien bourgeois de Bruxelles. Toutefois, plusieurs contes et légendes tentent d’expliquer son origine. Une des légendes veut que la statue ait été élevée par un riche bourgeois de Bruxelles qui a perdu son fils unique de 3-4 ans dans une fête populaire. Il l’a retrouvé au bout de 5 jours au coin de la rue de l’Etuve, occupée à … faire ce qu’il fait encore. Certains assurent que la statue a été élevée en l’honneur d’un petit garçon qui sauva la ville de Bruxelles vers le treizième siècle, en éteignant une mèche destinée à être allumée, en urinant dessus. D’autres trouvent encore son origine dans une légende de sorcière ou dans l’histoire des origines de Bruxelles.
Symbole
Depuis longtemps, les Bruxellois portent une affection toute particulière à Manneken Pis qu’ils considèrent comme l’un des leurs et le font participer activement aux différents événements de la vie bruxelloise. Il est également le symbole de leur personnalité qui peut être espiègle et impertinente. De ce fait, il est fréquent, depuis 1965, que Manneken Pis soit le porte-parole de l’humeur des Bruxellois ou symbolise un humour décalé et une autodérision.
Symbole
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Vols
Depuis le début, Manneken Pis a été l’objet de convoitises. Il a ainsi été volé à plusieurs reprises : Les Anglais l’ont volé (1745 (ou 47 ?)) et il a été récupéré par les habitants de Grammont qui l’ont exposé sur leur Grand’Place. Par la suite, une copie a été donnée à la ville de Grammont. Peu de temps après, les Français s’en sont emparé (1747). Face à l’émoi et à la colère des bruxellois, ils le posent à la porte d’un cabaret du centre-ville. Après d’autres problèmes et pour calmer la situation, Louis XV a offert à Manneken Pis un habit de chevalier avec le droit de porter l’épée et le décora de la Croix de Saint-Louis. 1817 : Il a été volé par le forçat Lycas. Après qu’il ait été retrouvé, Lycas est condamné aux travaux forcés pour avoir été un « destructeur de monuments publics ». Par la suite, Manneken Pis a connu plusieurs tentatives d’enlèvements (1951 et 1958), des mutilations (1955, 1957 et 1965) mais aussi des enlèvements par des étudiants (1963, 1968 et 1978).
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Fig. 1 – Manneken Pis, Sculpture en bronze (copie de l’original de Jérôme Duquesnoy l’Ancien), Coin de la rue de l’Etuve et de la rue du Chêne, Bruxelles, 26/08/2017.
Photo : Laure-Anne FinoulstFermer
Fig. 1 – Manneken Pis, Sculpture en bronze (copie de l’original de Jérôme Duquesnoy l’Ancien).

La première mention d’une statue à cet emplacement remonte à 1451/1452. Un texte indique qu’il existait alors une statue en pierre appelée « ‘t Menneken Pist », littéralement le petit garçon qui pisse ». Il est encore parfois appelé le « petit Julien ». Toutefois, cette appellation n’est pas correcte puisqu’elle fait référence à une autre fontaine bruxelloise, la Juliaenkens borre, située auparavant dans l’actuelle rue du Poinçon, dans la continuité de la rue de l’Etuve. La fontaine de Manneken Pis était l’une des nombreuses qui alimentaient Bruxelles en eau potable. Cette statue en pierre est notamment connue par un tableau de Denis van Alsloot peint en 1615 et représentant une procession de l’Ommegang. C’est aussi la première attestation de Manneken Pis habillé, puisqu’il est représenté en tenue de berger. Par ailleurs, sur le dessin préparatoire à la peinture, Manneken Pis est représenté sur une colonne, tel que l’ensemble devait apparaître habituellement.

En 1619, un nouvel aménagement de la statue et de son ensemble est envisagé. C’est le 13 août de cette année-là que les autorités de la ville de Bruxelles ont chargé Jérôme du Quesnoy le Vieux de réaliser un nouveau Manneken Pis en bronze pour un montant de 50 florins du Rhin. C’est cette fontaine que nous connaissons actuellement. La colonne et le bassin sont également remplacés. Le 16 décembre 1619, la commande d’une nouvelle colonne et de deux bassins a été demandée au tailleur de pierre Daniel Raessens, pour un montant de 180 florins du Rhin.

A l’origine, la statue sur sa colonne n’était pas accolée au mur et pouvait donc être vue sous tous ses angles, ce qui explique que la sculpture est aussi bien travaillée tant de dos que de profil ou de face.

Manneken Pis n’est pas la reproduction d’un vrai petit garçon mais plutôt celle d’un être imaginaire qu’on appelle un « Amour », une représentation de Cupidon, à l’imitation des Putti pisciatori italiens. Un petit amour peut être représenté nu, tant avec que sans des ailes, et parfois urinant. Ce thème du petit enfant se soulageant est fréquent dans tous les arts européens entre le XVème et le XVIIIème siècle, notamment pour en faire des fontaines. Il s’inscrit dans le courant des fontaines anthropomorphes dont l’eau jaillit par certains orifices et imitent des faits physiologiques comme les fontaines représentant des femmes dont l’eau jaillit par leurs seins ou des êtres vivants, humains ou animaux, qui crachent.

Manneken Pis est une version non ailée du « Putto » et interprétée dans le style baroque. Le bambin joufflu au sourire malicieux a un corps gras, un torse bien musclé, ses jambes sont pliées. Il se penche légèrement en arrière tout en tournant la tête vers sa gauche.

Jusqu’en 1770, Manneken Pis était fièrement posé debout sur une colonne. A partir de cette année-là, la statue a été placée dans un monument rococo en pierre et tenue à distance du public par une grille. Cependant, il était encore possible d’accéder à la fontaine et de pouvoir bénéficier de son eau. Au XIXème siècle, lorsque Manneken Pis est devenu une fontaine ornementale, une nouvelle grille a été placée et, cette fois-ci, empêchait l’accès à l’eau, comme c’est encore le cas de nos jours.

Costumes
La première représentation connue de Manneken Pis habillé est un tableau de 1615. Le premier vêtement dont nous possédons la trace a été remis le 1er mai 1698 par l’Electeur de Bavière. Les autres vêtements ont suivi plus sporadiquement après parfois plusieurs décennies dans le courant des XVIIIème et XIXème siècles. Les dons deviennent ensuite plus réguliers et plus fréquents à partir de l’habit donné le 29/11/1918. Le 22 mars 2017, Manneken Pis a reçu son 966ème costume des pompiers, en souvenir des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016.
Costumier
La première nomination officielle vraisemblable et connue d’un habilleur de Manneken Pis remonte à 1755. Henri Wauters a été ainsi chargé d’habiller et de déshabiller quatre fois par an la statue et répondre aux demandes éventuelles des trésoriers et receveurs de la ville qui pouvaient être faites. A ce moment-là, la garde-robe de Manneken Pis était composée de 3 costumes. Actuellement, cette fonction existe toujours et cette personne est chargée de sa toilette et est nommée par la ville de Bruxelles.
Costumier
Costumier
Confection et restauration des costumes
La confection des costumes destinés à être portés par Manneken Pis répond à des consignes et des dimensions précises. Le patron de couture de 1945 a été redessiné et numérisé en 2009 afin de pouvoir être transmis plus facilement à ceux qui souhaitent confectionner un costume. Il faut en effet tenir compte du fait que les pieds et les mains sont fixes, qu’il faut laisser un passage à l’arrière pour l’arrivée d’eau et que cela demande des vêtements réalisés sur mesure. De plus, depuis 2010, une campagne de restauration a été mise en place afin de remettre en état les costumes de Manneken Pis les plus anciens et les plus abîmés.
Confection et restauration des costumes
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Fig. 17 – Manneken Pis en habit de l’Ordre des disciples de Saint-Luc UCL (costume 641 - 13/03/1999), Bruxelles, 25/03/2017.
Photo : Laure-Anne FinoulstFermer
Fig. 17 – Manneken Pis en habit de l’Ordre des disciples de Saint-Luc UCL.

Une autre particularité de la fontaine de Manneken Pis est celle d’être régulièrement habillée. En effet, depuis 1615 au moins, nous savons, grâce à la peinture de Denis van Alsloot, que la sculpture est vêtue de temps à autre. Si l’habillage de sculptures religieuses est connu, celui de statue païenne l’est beaucoup moins. Cependant, Manneken Pis possède une réelle garde-robe constituée de près de 1000 costumes différents. Ces costumes sont proposés à une commission qui accepte ou non le projet et une remise officielle se déroule par la suite. Manneken Pis est vêtu par un habilleur, dédié à cette fonction et nommé par la ville de Bruxelles. Avec le temps ou à cause de leur utilisation, certains costumes s’abîment et il est parfois nécessaires de les restaurer.

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    Remise d'un costume
    http://koregos.org/Koregos/documents/fig.6921203.mp4
    Il est possible de donner un vêtement à Manneken Pis. Il suffit d’introduire une demande officielle auprès du Collège des Bourgmestre et Echevins de la ville de Bruxelles. Les costumes ne peuvent pas avoir de caractère publicitaire, commercial ou politique. Après acceptation du dossier par une commission (membres des Amis de l’Ordre de Manneken-Pis et des représentants de la Ville de Bruxelles), une cérémonie de remise officielle est prévue avec le chant d’un hymne. Parfois, comme remerciements, Manneken Pis débite de la bière ou tout autre breuvage à sa façon.
    Hymne
    Surtout au cours du XXème s., Manneken Pis a inspiré de nombreux artistes de tous genres. En 1949, un costume de Maurice Chevalier a été remis à la statuette. Le chanteur lui a alors dédié une composition qui est devenu l’hymne chanté encore actuellement lors de chaque remise d’un nouveau costume. Paroles de la chanson (https://www.youtube.com/watch?v=1p-imrWVpAs) : Au monde, il est un endroit Où, par le chaud et le froid Règne un noble petit gars Généreux dès le matin Devant de nombreux témoins Il déverse tout son bien {Refrain:} Manneken Pis Petit gars de Bruxelles Manneken Pis Mignon porte-bonheur Manneken Pis Arrose les plus belles Manneken Pis Arrose tous les cœurs Quand il fait "Pss... Pss..." Et refait "Pss... Pss..." En douce Il pousse Gaiement "Pss... Pss..." Manneken Pis Une immense Innocence Sort à plein jet De son petit sifflet Les pays peuvent bouger S'énerver, se provoquer Lui ne daigne pas changer Même dans l'adversité Il défend la liberté Et le droit de s'exprimer {au Refrain, avec chœurs) Les gens les plus réputés Sont venus pour l'admirer Et lui ont tous présenté Des costumes chamarrés Des vestes emmédaillées Ça ne l'a pas enrayé {au Refrain, les chœurs} J'ai la très forte impression Qu'il aime cette chanson Et la coule à sa façon Et j'irais jusqu'à penser Que pour la recommencer Il demande à bien pisser {au Refrain, avec chœurs}
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    Fig. 68 – Manneken Pis en habit de Maurice Chevalier (costume 54), 03/02/1949, Bruxelles, Garde-Robe de Manneken Pis.
    Photo : Yvan Peeters/Musées de la Ville de BruxellesFermer
    Fig. 68 – Manneken Pis en habit de Maurice Chevalier (costume 54).

    Symbole de la ville de Bruxelles et de ses habitants depuis longtemps, la statue a été volée ou dégradée à plusieurs reprises au cours des siècles. Lors du dernier vol en 1965, la statue originale a été mise à l’abri et restaurée. La dernière restauration de la fontaine remonte à 2003. Depuis 1975, afin de protéger la statue, le monument de la fontaine et la grille, l’ensemble a été classé monument historique par Arrêté royal.

    La statue aujourd’hui en place n’est donc qu’une copie de l’originale. Elle n’est évidemment pas la seule copie, plus ou moins similaire, et dans des matériaux qui peuvent être différents. Plusieurs villes ou propriétaires privés belges et étrangers possèdent des copies de Manneken Pis.

    Par ailleurs, à Bruxelles il existe également une version féminine, Jeanneke Pis, ainsi qu’une version du meilleur ami de l’homme, un chien appelé le Zinneke.

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      Jérôme du Quesnoy le Vieux (ca 1570 – 1650)

      Jérôme du Quesnoy le Vieux (ou l’Ancien) n’a pas laissé beaucoup de traces de sa vie et de son œuvre. Le travail de ses fils, François du Quesnoy et Jérôme du Quesnoy le Jeune, fait de l’ombre à celui de leur père.

      Dans l’état actuel des connaissances, nous ne savons toujours pas quel a été son parcours et sa formation, ni le moment de son arrivée à Bruxelles. Grâce aux archives conservées, plusieurs traces de ce sculpteur ont été découvertes tant sur sa vie privée que sur ses œuvres.

      Jérôme du Quesnoy le Vieux serait né vers 1570 et mort à la fin de l’année 1650.

      Sa région d’origine a souvent été identifiée comme étant Le Quesnoy, dans le nord de la France, à la limite avec le Hainaut belge, au sud de Mons. Il serait en fait originaire de Béthune, une centaine de kilomètres plus à l’ouest du Quesnoy (dans le registre d’accession à la bourgeoisie de Bruxelles, il est écrit : Jeronimus du Quesnoy sonne wylen Charles geboren van Béthune). De sa vie privée, il est admis que lorsqu’il arrive à Bruxelles, Jérôme du Quesnoy le Vieux était déjà marié. A ce moment-là, sa femme était déjà enceinte du premier de leurs cinq enfants (trois garçons et deux filles). Lors d’une seconde union, il aura encore un fils.

      Jérôme du Quesnoy le Vieux serait arrivé à Bruxelles entre le 27 novembre 1594 et le 27 novembre 1595 et possédait déjà sa maîtrise de sculpteur. Aucune indication ne laisse apparaître si sa formation a été réalisée dans un atelier familial ou non, à Béthune ou ailleurs. Bien qu’incertaines, les raisons de son départ vers Bruxelles pourraient être d’ordre économique. Son travail est souvent perçu comme peu innovant mais il est néanmoins relativement riche artistiquement. Ses productions s’apparentent cependant aux modèles rencontrés dans la seconde moitié du XVIème siècle dans le Nord de la France.

      Il faut savoir qu’à cette époque, les différents artisans devaient tous être inscrits dans la corporation de leur métier. L’objectif principal de ce type d’association était l’acquisition d’un savoir-faire transmis par des professionnels expérimentés. Les sculpteurs, à Bruxelles, étaient affiliés dans celle des Quatre Couronnés. Cette corporation regroupait non seulement les sculpteurs mais aussi les maçons, les tailleurs de pierre et les couvreurs. Après l’avoir intégrée, pour accéder à la maîtrise, les sculpteurs devaient présenter une épreuve après trois années de formation. Cette réalisation venait rejoindre et enrichir les autres modèles appartenant à la guilde. La formation des sculpteurs reposait, entre autres, sur la production de copies. Par ailleurs, chaque atelier avait également son propre fond de modèles et de copies.

      Son atelier est attesté depuis 1608, dans le quartier de la Putterie à Bruxelles, à l’emplacement de l’actuelle Gare Centrale et ses environs directs. Bien que relativement petit, il semble avoir eu une activité régulière de 1596 à 1630. Dans cet atelier, il a notamment formé ses deux fils, François et Jérôme du Quesnoy le Jeune. Ce dernier semble d’ailleurs avoir repris l’atelier par la suite. En plus d’avoir formé ses fils et d’autres apprentis, Jérôme du Quesnoy le Vieux a collaboré avec des artistes confirmés, notamment pour des travaux d’aménagement du palais et du parc du Coudenberg de Bruxelles, aujourd’hui disparu. Les tâches de l’atelier étaient multiples : la livraison de matériaux, des restaurations, des décorations en papier mâché, des motifs ornementaux moulés et produits en série, des grandes sculptures en bois et en pierre ou encore des autels et des retables. Tout ce travail nécessite la collaboration de plusieurs corps de métiers tels que les tailleurs de pierres, les artisans du bois,…

      Seules six œuvres de Jérôme du Quesnoy le Vieux, dont Manneken Pis, sont conservées. Toutefois, l’étude des archives a permis d’établir une trentaine de commandes, provenant principalement des Archiducs Albert et Isabelle, de plusieurs églises bruxelloises et du magistrat de la ville de Bruxelles. Il semblerait donc que le sculpteur ait surtout œuvré dans le mobilier d’église.

      C’est en 1619, le 13 août plus précisément, que le sculpteur Jérôme du Quesnoy le Vieux a été chargé par les autorités de la ville de Bruxelles de réaliser une nouvelle statue en bronze de Manneken Pis, pour le prix de 50 florins. Cette œuvre faisait partie d’un nouvel aménagement puisque l’ancien ensemble (statue, colonne et bassin) allait devoir être remplacé. La sculpture antérieure à celle de Manneken Pis en bronze est inconnue. Cependant, vu l’appellation de la fontaine, il pourrait déjà s’agir d’une copie, dont la ressemblance avec l’exemplaire antérieur est difficile à déterminer. Pour attester que la pratique des copies était très courante à l’époque, en 1630, Jacques Vanden Broeck fait une copie, sans que celle-ci ne soit destinée à être une fontaine. Cela montre que des doubles très ressemblants à Manneken Pis, datés et signés, ont été réalisés dès le XVIIème siècle.

      Bibliographie et références

      Couvreur M., Deknop A. et Symons Th., Manneken Pis dans tous ses états, Bruxelles, 2005.


      Deligne Chl., Bruxelles et sa rivière. Genèse d’un territoire urbain (XIIème-XVIIIème siècle), Turnhout, 2003.


      Jacobs R. et alii, Manneken Pis, Bruxelles, 2017.


      Patigny G., « Une vie archivée, Jérôme du Quesnoy le Vieux, sculpteur bruxellois sous les archiducs Albert et Isabelle », dans Annales d’Histoire de l’Art et d’Archéologie, XXXVII, 2015, pp. 167-175.


      Patigny G., « Réception et perception de l’œuvre sculpté des du Quesnoy : invention, copie et pratiques d’atelier », dans « Copia e invención » modelos, réplicas, series y citas en la escultura europea, pp. 175-181.


      http://www.manneken-pis.be


      http://www.mannekenpis.brussels