00:00:00 / 00:00:00
C'est très simple...
Il suffit de poser votre candidature ici.
Vous pouvez soutenir le projet Koregos de plusieurs façons. Cliquez ici pour tout savoir.


Raoul Hausmann. Un regard en mouvement
Actualités

1 Mars 2018

Raoul Hausmann, sans titre (Vera Broïdo), vers 1931, Copyright Adagp, Paris, 2018 / Berlinische Galerie - Landesmuseum für Moderne Kunst, Fotografie und Architektur .VG Bild-Kunst, Bonn
Fermer
L’œuvre photographique de Raoul Hausmann est restée longtemps méconnue et sous-estimée. De cet artiste-clé du XXe siècle, la postérité a d’abord retenu le rôle majeur au sein de Dada Berlin, les assemblages, les collages, les photomontages, les poèmes optophonétiques, quand les vicissitudes de l’Histoire ont effacé cette autre facette, à tous égards prééminente, de son rayonnement.

À partir de 1927, Hausmann devient pourtant un photographe prolixe. Cette pratique nouvelle pour lui, immédiatement absorbante, devient la clé de voûte d’une pensée globale foisonnante qui culmine jusqu’à son départ forcé d’Ibiza en 1936. Au cours de cette intense décennie, il aura beaucoup réfléchi à la photographie et développé une pratique profondément singulière du médium, à la fois documentaire et lyrique, indissociable d’une manière de vivre et de penser. Ses amis avaient pour nom August Sander, Raoul Ubac, Elfriede Stegemeyer et Laszlo Moholy-Nagy, lequel ne craignait pas de déclarer à Vera Broïdo, l’une des compagnes de Hausmann : « Tout ce que je sais, je l’ai appris de Raoul ».

L’oubli qui a nimbé l’œuvre de Hausmann redouble sa traversée du siècle clandestine. Lui qui fut taxé d’artiste « dégénéré » par les nazis et quitta précipitamment l’Allemagne en 1933 dut abandonner bien des clichés sur la route de ses exils pressés. Son travail photographique est, dès lors, demeuré secret, largement invisible, présumé perdu, avant que ne soit presque miraculeusement découvert, entre la fin des années 1970 et le milieu des années 1980, un fonds jusque-là inconnu dans l’appartement de sa fille à Berlin (aujourd’hui à la Berlinische Galerie). Les fonds français, principalement conservés au Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart et au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne, ainsi qu’au Musée national d’art moderne, se sont constitués dans le même temps, et enrichis jusqu’aux années 2010. Depuis lors, son aura de photographe n’a cessé de croître.

Hausmann photographe étonne. Lui dont on connaît la veine acerbe et mordante de l’époque dada vise ici la pacification, la réconciliation, une forme de résistance au temps par la sérénité. À partir du milieu des années 1920, l’atmosphère de Berlin lui semblant de plus en plus oppressante, il prolonge sans cesse ses séjours dans de petits villages sur les bords de la mer du Nord et de la Baltique, qui font office de « refuges » et de « cachettes pour artistes ». Là, il photographie le sable, l’écume, les tourbières, des corps nus, les courbes des dunes, le blé, les brins d’herbe, l’anodin qui s’impose dans un éblouissement. Son attention se porte aussi sur de modestes artefacts solitaires, chaises cannées, corbeilles en osier, tous objets troués qu’il transforme en flux, voire en tourbillon de lumière. Hausmann nomme ces expériences « mélanographie ». Elles rendent le saisissement né de l’apparition de l’image comprise, écrit-il, comme « la dynamique d’un processus vivant ».

Après l’incendie du Reichstag, il arrive à Ibiza en 1933. Sa pratique évolue alors. Fasciné par la pureté des maisons paysannes en forme de cubes blancs, il réalise l’inventaire photographique de ces « architectures sans architecte », populaires, à la fois anciennes et modernes, qui évoquent le « style international ». La photographie vient alors soutenir une étude anthropologique de l’habitat vernaculaire, engagée contre les racismes des années 1930. Lui-même intégré à la communauté insulaire, évoluant presque hors du temps, comme dans un « état de rêve », Hausmann réalise encore des portraits saisissants des habitants, qui sont une autre forme de son engagement. L’éclatement de la guerre d’Espagne, et l’abandon presque immédiat du petit territoire d’Ibiza aux franquistes, marquent le début d’un exil pénible qui ne lui permettra plus de se consacrer de façon aussi assidue à la photographie. Hausmann trouvera finalement refuge en France, dans le Limousin où il meurt en 1971, cinq ans après sa première rétrospective au Moderna Museet de Stockholm.

Cécile Bargues - Commissaire / David Barriet – Commissaire associé

Informations pratiques

Lieu : Jeu de Paume
1 Place de la Concorde, 75008 Paris
Dates : Jusqu'au 20 mai 2018
Horaires : Accessible du mardi au dimanche de 11 à 19h00, nocturne le mardi de 11 à 21h00, fermé le lundi
Lien : www.jeudepaume.org

Galerie

Galerie
    1 image Diaporama
    FRANCAIS - ENGLISH

    Connexion


    Mot de passe oublié ?

    Recherche simple

    Recherche avancée

    Lettre d'information

    Avec le soutien de :