Today Is the First Day présente un aperçu sélectif du travail de Wolfgang Tillmans de ces trente dernières années, et dévoile les derniers développements de sa pratique qui comprennent de nouvelles photographies, du son et des travaux vidéo dans une constellation spatiale spécialement conçue par Tillmans pour le WIELS.

Wolfgang Tillmans est un artiste qui a repoussé les limites de la photographie et de la création d’image. À la fin des années 1980 l’artiste commence à produire des œuvres en utilisant la première génération de photocopieuse laser qui permet de créer des images en demi-teintes. Ses premières œuvres sont produites en agrandissant des images trouvées ou qu’il a prises lui-même. Quelques années plus tard, il attire l’attention du monde de l’art avec des images apparemment ordinaires de son entourage et de la scène électronique musicale qui émerge en Europe, d’abord diffusées via des magazines dédiés à la jeunesse de l’époque comme i-D ou Spex. Il est alors un des auteurs qui définissent un nouveau style de photographie intimiste qui va à l’encontre de la distance critique ou de l’apparente neutralité de la photographie conceptuelle. Ses images capturent de manière saisissante l’esprit de la nouvelle génération et de son mode de vie non-conformiste, et soulèvent des questions liées aux sous ou contre-cultures et aux identités sexuelles fluides. Depuis, Tillmans a approfondi ses recherches et est allé au-delà du domaine de la photographie pour développer une pratique résolument multidisciplinaire et pleinement engagée dans les questions sociétales et politiques urgentes.

Wolfgang Tillmans n’ambitionne pas moins que de rendre compte du monde dans lequel nous vivons. Son regard s’attache autant aux détails souvent négligés du quotidien qu’à des phénomènes astronomiques proches du sublime, mais l’artiste crée également des photographies en chambre noire, sans négatif ni appareil photo, en manipulant la lumière directement sur le papier. Bien qu’elle soit ancrée dans la photographie, sa pratique recourt à une multitude de media qui inclut la vidéo, le son, le texte, la performance et la musique. De manière similaire, l’artiste joue avec une grande variété de formats, de supports et de systèmes d’accrochage pour chacune de ses expositions qu’il conçoit comme des installations spécifiques au lieu. Il crée ainsi des paysages en suspension qui font fi de toute catégorisation ou hiérarchie. Ce jeu d’associations enjoint les visiteurs à observer autant l’ensemble que chaque élément qui le compose, en leur laissant une grande liberté interprétative.

À travers cette grande richesse technique et la variété des sujets, c’est avant tout la notion de visibilité qui parcourt l’œuvre de Tillmans. À l’heure de la saturation des images, l’artiste soulève des questions essentielles : qu’est-ce qui est rendu visible et qu’est-ce qui reste caché ? Comment créer des images porteuses de sens ? À partir de quand un phénomène devient-il perceptible ? Quel est le lien entre ce que nous percevons et ce que nous connaissons ? Quel est l’impact des nouvelles technologies sur notre manière de voir le monde ? Ces interrogations sont révélatrices de la portée politique de son travail. Depuis ses premières œuvres qui témoignent des nouveaux paradigmes sociaux et culturels poussés par une génération marquée par la crise du SIDA et la chute du Mur, Tillmans a toujours fait preuve d’une conscience politique aiguë. Depuis plusieurs années, son engagement dépasse la pratique artistique et se manifeste dans un véritable activisme social en faveur de la démocratie et des droits des minorités, à travers sa fondation Between Bridges et les différentes campagnes pro-européennes dont il est à l’origine.

Lieu : WIELS
354 avenue Van Volxem, 1190 Bruxelles
Dates : Jusqu'au 24 mais 2020
Horaires : Accessible du mardi au dimanche de 11h à 18h00, nocturne chaque 1er et 3e mercredi du mois jusqu'à 21h00
Lien : www.wiels.org